Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Un ministère pour bafouer les Droits de l'homme au nom de « l'égalité des chances »

mardi XXIV octobre MMVI

J'aurais bien aimé vous parler aujourd'hui de ce documentaire télévisé où Gilles de Robien, alors ministre des transports, déclarait que si les gens continuent à conduire sous l'empire d'un état alcoolique, il faudrait alors diminuer le seuil légal d'alcool dans le sang acceptable pour conduire, peut-être même ne plus tolérer une seule goutte. Nous sommes assurément là dans le cadre de la supercherie de la répression des infractions routières (évoquée en juillet dernier, lien) : est-il raisonnable de croire que les gens qui conduisent bourrés aujourd'hui respecteront demain la limite légale abaissée ?

Mais le ministère, ou délégation, de « l'égalité des chances » s'impose dans l'actualité sous la forme de ces déclarations de 2004 ravivées aujourd'hui. On peut lire dans une dépêche AFP qu'Azouz Begag, « ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances », écrivait en 2004 que « dans la Police nationale, sur un peu plus de 11.000 adjoints de sécurité, l'estimation des jeunes d'origine maghrébine ou africaine pouvait varier de 5% à 15% [...] Chez les commissaires, nous estimons à une dizaine le nombre des fonctionnaires d'origine maghrébine. Ils seraient 300 chez les officiers". Des chiffres qu'il souhaitait voir "tripler dans les deux ou trois ans à venir", autrement dit d'ici 2007. » (lien). On note qu'au rythme de recrutement actuel dans la Police Nationale (une soixante d'officiers et un millier de gardiens de la paix en 2006 - des chiffres risibles pour un gouvernement que son opposition décrit comme sécuritaire, étant pris en compte les départs en retraite), cela implique de n'embaucher quasiment que des « jeunes d'origine maghrébine ou africaine ». On note aussi la perversité de remettre au goût du jour ce sujet comme s'il était une réponse à la délinquance (lien).

Une telle approche consiste à bafouer avec allégresse, inconsciemment sans doute, les Droits de l'homme et du citoyen qui stipulent de manière pourtant limpide que « tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents » (lien), puisqu'un ministre réclame et opère une distinction entre citoyens en fonction d'une origine ethnico-géographique, un critère qui ne saurait être considéré comme une vertu ou un talent.

Étant donné la constance de ce comportement, étant donné que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen a force constitutionnelle, étant incluse dans le bloc de constitutionnalité, nous sommes dans la situation où parait cohérent d'exiger le retrait d'un ministère, d'une délégation, d'un portefeuille, qui de façon manifeste adopte une attitude anticonstitutionnelle, c'est à dire une attitude insultant notre Nation dans ses fondements. Ces propos datent de 2004, certes, mais ils pavent la voie de l'inacceptable, comme par exemple la création par l'ANPE d'un site de diffusion de CV « de jeunes diplômés des quartiers [NDM : à émeutes *] » (lien) s'incarnant par exemple par l'embauche par la SNCF « dans les quartiers [NDM : à émeutes *] » (lien) ou encore le pouvoir pénal donné à une instance qui n'est pas une juridiction pénale mais une instance politique (« La HALDE est une instance collégiale composée de 11 membres désignés par : Le Président de la République, le Premier ministre, les Présidents des Assemblées et du Sénat, du Conseil Économique et Social, ainsi que par le Vice-président du Conseil d'Etat et le premier Président de la Cour de Cassation », lien).

Monsieur Azouz Begag est sans doute un homme charmant dans sa vie privée, la création de son ministère, où de sa délégation (peu importe la terminologie, l'essentiel n'est pas là), part sans doute d'une bonne intention. Mais il ne sait pas « faire ministre » comme il le dit lui-même dans une interview où il donne du « inch allah » (lien), il ne sait pas être ministre, c'est-à-dire être représentant de la Nation, parce qu'il ne maîtrise manifestement pas les principes de bases de notre République. Non pas que ces principes soient intangibles ad vitam aeternam, on pourrait les changer, si on le voulait. On peut changer une Constitution, avons-nous entendu et ré-entendu lors des débats sur le TCE... mais cela demande référendum et consensus. Y a t-il un consensus pour accepter que l'on mette à la trappe la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, sans parler de la séparation de l'Église de l'État (« inch allah » dans la bouche d'un ministre ?) et de la séparation entre pouvoir politique et pouvoir pénal répressif (amendes de la HALDE) ?

Il est encore temps de faire marche arrière toute ! La réussite de la France en matière d'immigration, ce n'est pas quand un individu d'origine immigrée devient un ministre à la compétence discutable, c'est lorsque qu'un individu d'origine immigrée devient médecin, infirmier, ambulancier, enseignant-chercheur, enseignant, sapeur-pompier, chauffeur de bus, bibliothécaire, commissaire de police, gardien de la paix, etc, à la sueur de son front, grâce à ses talents et vertus, et rien d'autre. Voilà qui honore la France et voilà qui honore cet individu, et non pas l'abandon de valeurs et principes forgés par des siècles d'aventure humaine.

* [L'expression « des quartiers », « les quartiers », est régulièrement employée par les tenanciers de « l'égalité des chances » au pas cadencé. Étant entendu qu'on ne saurait croire que cet emploi sert à désigner l'ensemble des quartiers d'habitations en France mais uniquement ceux qui inquiètent en ce moment par le risque d'émeutes, il est nécessaire de préciser « à émeutes »]

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« 25 octobre, Le tact façon UMP : légiférer contre l'incompréhensible   

   21 octobre, Parlons des hommes, puisque c'est ainsi qu'on débat d'idées ; commençons par Maurice Rajsfus »

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