Parlons des hommes, puisque c'est ainsi qu'on débat d'idées ; commençons par Maurice Rajsfus
samedi XXI octobre MMVIAinsi, quand on parle d'idées, notamment celles relatives au domaine pénal, on est régulièrement convié à parler d'hommes, on leur trouve même des diminutifs.
Moi je vais vous parler de Maurice Rajsfus, décrit ci et là comme « historien », président de l'Observatoire des Libertés Publiques (lien), éditorialiste du magazine anti-police intitulé « que fait la police ».
Cet homme là est décrit comme historien. Il n'hésite pas à écrire « l'histoire du siècle passé nous enseigne que la police de ce pays n'a pas hésité à se ranger dans le camp d'un pouvoir répressif lié au régime hitlérien » (lien). Le plus évident, c'est qu'il oublie de signaler que la même police n'avait pas hésité en février 1934 à se ranger dans le camp du pouvoir démocratique face aux ligues factieuses. Le plus ridicule, c'est qu'il oublie de signaler que l'ensemble des institutions françaises se sont rangées dans le camp d'un pouvoir répressif lié au régime hitlérien. Cette simple phrase me permet de dire que Maurice Rajfus n'est pas historien. Non, un historien ne peut se permettre des suggestions aussi abruties, aussi peu probantes en terme d'analyse historique. Pire, un historien est censé avoir un minimum de recul quand à l'histoire et ne pas confondre le passé et le présent, ne pas tirer de conclusions comme si pendant 60 ans rien n'avait change nulle part.
Si Maurice Rajsfus lisait ces lignes, peut-être se sentirait-il blessé. C'est méchant, d'attaquer un homme, lorsqu'on attaque ce qu'il représente. Car évidemment, là j'attaque l'éditorialiste d'une revue anti-police en sapant sa crédibilité - et le travail de sape est trop facile, le niveau du monsieur étant pitoyable.
C'est peu honorable, j'en conviens. Surtout, ça ne fait pas avancer le débat d'un angstroem.
Mais je pense qu'il faudrait parfois rappeler à tous les Maurice Rajsfus de la terre que ce n'est pas par impossibilité que leurs armes ne sont pas employées par tous leurs adversaires politiques.
Ainsi, quand des Maurice Rajsfus déclarent à propos d'un ministre qu'il a « Le verbe est haut, délivré avec violence. Les mots sont choisis pour percuter et faire mal à ceux qui deviennent des cibles désignées. La convivialité est absente lorsque cet oracle prend la parole pour dénoncer la "racaille", et proposer la recette "karcher" », il est bon de rappeler qu'ils sont la source de l'attaque ad hominem, attaque si mal renseignée qu'elle oublie le contexte, le contexte par exemple du « on va vous débarrasser de ces racailles » à l'adresse d'une habitante de banlieue manifestement désemparée, une habitante d'une zone défavorisée qui n'intéresse manifestement pas les Maurice Rajsfus.
Car les Maurice Rajsfus, manifestement ennemis de la mise en contexte, bref ennemis de ce qui fait de l'histoire une science et non du catéchisme, n'hésitent pas à écrire toujours à propos du même ministre « En fait, cet homme n'aime personne ». Les ennemis de la police apparemment aiment les procès d'intentions ; on peut être heureux qu'ils ne disposent d'aucun pouvoir judiciaire, vu sur quelles bases ils condamnent.
Ce qui est toutefois amusant, c'est que les Maurice Rajsfus témoignent à leur insu du non-droit ambiant dans certaines zones urbaines. Ainsi, ils relayent « un animateur de quartier [qui] pose cette question : "Que faisaient deux flics seuls à dix heures du soir dans ce quartier réputé sensible ? C'est un suicide. Ils n'avaient rien à faire ici" » (lien). Pour les Maurice Rajsfus, dans un quartier « réputé sensible », les policiers n'ont rien à faire ! Tant pis pour la poire des citoyens qui appellent la police et déposent plainte. La présence de la police témoigne d'un esprit suicidaire, apprend-on, dans un article qui suggère que finalement l'agression de policiers aurait été exagérée... Ça doit être pour cela que la police n'est pas « républicaine » selon les mots de Maurice Rajsfus (« la police de la République a-t-elle jamais été républicaine ?), puisqu'elle a le culot de ne pas laisser des bandes manifestement prêtes à tuer des fonctionnaires de la République régner sans partage dans certaines zones du territoire de la République.
Pour Maurice Rajsfus « Les chaînes de TV, complaisantes, nous montrent longuement le visage tuméfié du capitaine de CRS, tout comme, en avril 2002, les caméras s'étaient attardées sur le papy Voise d'Orléans, victime d'une sauvage agression et de l'incendie de sa maison ». C'est maintenant une honte d'exprimer de la sympathie pour des victimes d'agressions délibérées, nous dit l'homme qui reproche à un ministre de n'aimer personne. Le Maurice Rajsfus conclue « Peut-être apprendrons-nous, le moment venu, qu'il s'agissait surtout d'une sinistre provocation policière qui a mal tournée ». Le Maurice Rajsfus a fortement tendance à trouver que les victimes d'agressions ont sans doute quelque part bien mérité leur sort.
D'ailleurs, d'une manière générale, le Maurice Rajsfus semble être tout à fait étanche au concept de distinction entre victime et délinquant. Ainsi, il nous rappelle que le « 8 octobre, sur une route de Vendée, deux gendarmes, qui poursuivent un automobiliste qui refusait de se soumettre à un contrôle d'alcoolémie, se tuent en percutant un arbre ». Le Maurice Rajfus y va de son questionnement subtil : « Habituellement, ce sont les « délinquants », pourchassés par les forces de l'ordre, qui meurent dans de telles circonstances. Pourquoi faut-il qu'on ne se lamente pas vraiment lorsque des jeunes sont victimes de ces courses poursuites ? ». Le Maurice Rajsfus n'est donc pas capable de faire la distinction entre l'auteur d'un refus d'obtempérer et le représentant de la force publique. Pour lui, le représentant de la force publique mort dans l'exercice de son devoir est similaire au délinquant mort dans le viol des lois de la République. Peut-être que le Maurice Rajsfus aurait eu de la sympathie pour ces morts là si les gendarmes de Vendée avaient, suite à l'évènement, décidé de brûler les voitures d'autres citoyens.
Il va sans dire que je ne saurais dire quelle est ma conclusion sur Maurice Rajsfus. Tout d'abord, cela m'imposerait d'être vulgaire - j'aimerais l'éviter. Mais, de plus, le propos pourrait très facilement être qualifié d'insulte publique. Ayez l'assurance que je n'en pense pas moins.
Évidemment, le débat d'idées est là au stand-by. Mais ça défoule. Je sais bien que c'est démodé de se défouler sans blesser personne ni détruire le bien d'autrui, c'est vrai, je suis quand même satisfait.