Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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« Se faire entendre » où les limites territoriales de la République

jeudi XXIX novembre MMVII

130000 fonctionnaires, des interventions urgentes et la possibilité d'un abus de pouvoir, cette recette à cette année fait parler d'elle.

Ainsi, cette année, à Marseille, un jeune homme en vélo est mort, accidenté avec un véhicule de police se rendant, avertisseurs sonores et lumineux activés, à un hôpital pour une relève de garde de détenu - mission qui n'a évidemment aucun caractère d'urgence. À Paris, peu de temps après, un véhicule banalisé, avertisseur lumineux activé (gyrophare « goutte d'eau » sur le toit), avec à bord deux auxiliaires de police (des adjoints de sécurité), percutait un véhicule qui lui même renversait une personne âgée, sans la tuer, dans le cadre d'un port de plis - mission qui n'a évidemment aucun caractère d'urgence non plus. À l'évidence, ces accidents auraient pu être évités. Tout d'abord, lorsqu'il y a urgence, il convient que ceux qui conduisent des véhicules prioritaires agissent avec la diligence maximale pour éviter l'accident. Car si une mission est urgente, il est, avant tout, urgent d'arriver. Mais lorsqu'il n'y a pas d'urgence, c'est juste trahir le citoyen que d'user d'un privilège, accordé pour l'intérêt de tous, pour son intérêt propre. Et si cela découle sur un homicide, cette trahison devient tragique. Ces accidents auraient du être évités. Mais ils se sont produits. La vie suit son cours, la Justice aussi, elle aura à juger ces homicides involontaires. Nulles émeutes, nulles tentatives de meurtres ne font écho à ces erreurs graves. Pourtant nul ne doute de la douleur des familles concernées, d'une manière ou d'une autre.

À Villiers-le-Bel, de prime abord, il n'y a pas d'erreurs de cet ordre. Il n'est pas question d'une grand mère ou d'un enfant traversant sur un passage piéton face à un véhicule de police circulant à grande vitesse sans motif légitime. Non, il est question de deux mineurs sur une moto interdite à la circulation sur la voie publique, sans casques, circulant à grande vitesse, ayant percuté un véhicule sur un carrefour en refusant la priorité. Pourtant, on reste noyés sous le flux de justifications du climat insurrectionnel actuel, la presse citant des gens qui « n'approuve[nt] pas les violences et les dégâts commis au cours des deux nuits d'émeutes qui ont suivi la tragédie » mais qui, néanmoins, « compren[nent] malgré tout que "les jeunes en arrivent là [car] c'est le seul moyen qu'ils ont de se faire entendre" » (lien).

Se faire entendre. Voeux honnête : tout le monde aime être entendu. Pour autant, peut-on recourir à la destruction par incendie (crime selon notre loi pénale) et la tentative de meurtre (crime selon notre loi pénale également) simplement pour « se faire entendre » ? La Justice française est-elle si minable qu'on puisse, dès que se produit un accident, décider de « se faire entendre » en ayant recours au crime ? Peut-on se faire criminel pour jouer au justicier ? Pourquoi, une fois encore, faut-il traiter de manière différenciée la population des zones à émeutes, qui se dit défavorisée et qui pourtant à le droit à des traitement de faveurs inédits ailleurs ? Faudra t-il subir la loi de ces zones à émeutes pour y retrouver l'ordre ? Est-ce cela, l'exigence actuelle, accepter la loi des racailles en échange d'une paix sociale d'apparence, paix sociale des grands jours de la police de proximité qui a connu l'explosion électorale du Front Nationale et le départ de ces zones urbaines de la population éduquée et intégrée ?

Une trace de plus de cette guerre territoriale dans laquelle la République ne fait que perdre du terrain, ces fameuses zones de non-droit.

PS : Soyez prudents lorsque vous circulez à proximité de zones à émeutes. Je ne vous souhaite pas d'avoir un accident de voie publique avec ces racailles que l'on laisse circuler à deux-roues dans l'irrespect le plus complet du code de la route. À vous le lynchage public et le placement en garde à vue pour calmer ceux qui veulent « se faire entendre » - le fait de n'être en tort à 0 % selon le code de la route et le code des assurances n'importe pas là où la loi de la République est devenue étrangère.

PPS : Je n'aurais pas le culot de rappeler qu'il y a quelques mois, j'interrogeais le fait que l'on tolère que les mineurs des zones à émeutes fassent tout et n'importe quoi à deux-roues, cf lien

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   27 novembre, Pas une émeute mais une révolte »

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