Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Ainsi l'univers carcéral serait une cocotte-minute

jeudi V juillet MMVII

C'est en tout cas ce que soutiennent des syndicalistes du monde pénitentiaire (Daniel Dreux, secrétaire général de la Confédération des cadres pénitentiaire, David Besson de l'Union fédérale autonome pénitentiaire), alors que se pose la question de la remise en cause de la « tradition républicaine » de la grâce présidentielle (lien).

Les prisons -les maisons d'arrêt- seraient ainsi au bord de l'explosion du fait de leur surpopulation. « Le principe de la grâce est devenu un mode de gestion pour maintenir le calme l'été », observe Marie-Paule Mougis, de l'association de défense des détenus Ban public, nous dit-on. Que ne fait-on pour « maintenir le calme » dans les prisons : c'est aussi ce maintien du calme qui justifie des politiques de réductions de peines dont le caractère automatique avait de quoi surprendre, avant que ce caractère automatique de fait soit devenu de droit (3 mois pour la première année, de 2 mois pour les années suivantes et de 7 jours par mois pour les peines inférieures à un an). Ainsi, déjà au nom du maintien du calme, au nom d'une vision des prisons comme de lieux que l'on ne sait pas gérer, systématiquement au bord de l'explosion, on fait prononcer aux juridictions des quantum de peine qu'on ne sait jamais réalisés.

Mais il semblerait qu'en plus de pervertir le quantum prononcé (au moins sur la forme ; on se doute que les juridictions en tiennent compte), on doive aussi se satisfaire d'une vision perverse de la nature de la condamnation, du statut des condamnés ou des mis en examen placés en détention provisoire. Lorsque Daniel Dreux nous dit que « c'est le principe de la Cocotte-Minute : évacuer un peu d'air pour éviter l'explosion », il semblerait que l'on doive comprendre que l'écroué n'est qu'un peu d'air, semblable à tout ce qui circule autour de nous, que c'est juste sous la pression de la cocotte-prison qu'il s'agite. L'écroué est-il donc un simple citoyen qu'une juridiction en furie aurait décidé d'écarter de la société sans raison particulière ?

Pour « éviter l'explosion », il paraîtrait que « des consignes de la direction de l'administration pénitentiaire circulent actuellement afin de donner du lest à la population pénale ». De même, il serait « largement suggéré dans le monde de la pénitentiaire [d']inciter la Chancellerie à favoriser les réductions de peine individuelles et les mesures de libération conditionnelle ». Est-il souhaitable pour la société que déambulent dans ses rues des individus qu'on ne parvient pas à maîtriser même dans le cadre carcéral ? Ces individus étaient-ils des enfants de coeur avant leur incarcération, le seront-ils au sortir de prison si le critère de leur libération est leur dangerosité en prison ? Car il s'agit bien de cela au fond : on nous propose de libérer des gens non pas parce qu'ils sont réinsérés mais parce qu'ils sont incontrôlables, comme si la société devait une fois encore les subir.

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« 11 juillet, Le cache-misère   

   30 juin, Rébellion, violences réciproques, ordre de la loi et légitime défense »

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