Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Pas tous, non

jeudi XIV juin MMVII

Dans un récent commentaire (lien), le dénommé Parayre, fervent commentateur du blog de monsieur Bilger, disait « trouver décidément que » j'ai « une relation conflictuelle quasi-pathologique avec la magistrature ».

Pourtant, j'apprécie nombre de magistrats, comme par exemple Philippe Bilger ou encore Gilbert Thiel, que j'ai déjà mentionnés à plusieurs reprises sur ce blog. Mais il est vrai que l'action et les propos de certains magistrats me rendent circonspects, tels de ceux de Jean-Pierre Rosensweig, ou me désolent complètement, tels ceux d'Hélène Franco.

Parlons d'Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la Magistrature. En guise d'explication aux difficiles relations de la police et de certaines populations, elle déclare que « lorsqu'une dame âgée a peur de sortir de chez elle parce qu'il y a des jeunes dans le hall de l'immeuble, au lieu de créer un délit d'entrave à la circulation, on aurait mieux fait de créer une police qui puisse aller discuter avec eux tous. Le lien entre les gens est aujourd'hui absent des missions qu'on assigne aux policiers. Ceux-ci sont soumis à la dictature des chiffres et verbalisent à tour de bras » (lien).

Cette dame est magistrate, sa parole pèse. Pourtant, à la lire, il me parait manifeste qu'elle ne maîtrise aucunement son sujet. A t-elle ne serait-ce que passé 8 heures avec une patrouille de police-secours, pour oser prétendre qu'il n'y ait pas de police pour « aller discuter avec eux tous » ? Pourquoi donc le ministère de l'Intérieur ne renvoie t-il pas à cette dame le taux horaire consacré par la police au règlement de differends en tout genre, activité ne débouchant que rarement sur des procédures judiciaires ? A t-elle ne serait-ce que passé 8 heures avec une patrouille de police effectuant des contrôles routiers pour prétendre qu'il y a une verbalisation à tour de bras qui serait en ce moment pratiquée ? Combien y a t-il de policiers qui verbalisent ne serait-ce qu'une infraction sur deux, voire trois ou quatre, constatées ? Combien y en a t-il qui ne verbalisent que les contrevenants incorrects, grossiers, malotrus ?

Lorsqu'on demande à madame Franco si « les violences policières seraient-elles plus nombreuses ces dernières années ? », elle répond que « la Commission nationale de déontologie de la sécurité [NDM: CNDS] a constaté une augmentation continue de ses saisines, notamment celles concernant la police ». Est-ce une réponse digne d'un magistrat que d'évoquer une commission qui n'a pas vocation judiciaire, dont il a été pourtant dit récemment, dans une condamnation d'un membre du syndicat de madame Franco, que les rapports n'apportent aucun élément démontrant la réalité et l'ampleur des phénomènes évoqués ?

L'obligation de réserve fait que les policiers ne peuvent publiquement rendre compte de leur action. Il serait pourtant temps que certaines pendules soient remises à l'heure. Et il est déplorable, haïssable, que certains magistrats prétendent décrire en toute gratuité l'action des policiers alors qu'ils en sont manifestement tout à fait étranger. Est-ce la marque d'une « relation conflictuelle quasi-pathologique avec la magistrature » que de tenter de répondre aux recurrentes accusations formulées par des magistrats qui semblent si mal informés ? Que penser du fait que des magistrats accusent et condamnent si mal, eux dont l'art est censé être celui de juger ? Bien entendu, Parayre, la police ne mérite pas de « laudations systématiques » ; bien entendu, son action est parfois imparfaite, discutable ; bien entendu, certains de ses éléments ne font aucunement honneur à leur mandat public. Mais peut-on rester silencieux face aux accusations si déplacées formulées ici et là ?

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« 16 juin, Three strikes and you're out   

   12 juin, Rue89, digne héritier de Libé ? »

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