Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Après la décolonisation, la démétropolisation ?

dimanche I avril MMVII

Le Quotidien d'Oran, journal algérien, évoque la campagne présidentielle en France, donnant la parole à Akram Belkaïd (Courrier International n° 856, du 29 mars au avril 2007, p. 11). Il répond au courrier des lecteurs critiques à l'endroit de ses déclarations concernant des « Beurs » -manifestement, il doit s'agir de citoyens français- qui envisageraient de voter pour Nicolas Sarkozy.

Ainsi, lorsqu'un lecteur lui écrit qu'un « citoyen se détermine par rapport à ses idées et non par rapport à ses origines », il rétorque « certes, mais il est impossible de s'en tenir à cette attitude avisée quand on sent un index imprécateur et stigmatisant pointé en permanence sur soi par un candidat en mal d'idées honorables ».

Disons d'emblée qu'un bon principe tel que la détermination d'un individu pour ce qu'il est en tant qu'individu, et non en tant que membre d'un groupe ethnique ou culturel, ne mérite pas être abandonné au prétexte des méfaits, réels ou supposés, d'autrui. Mais, venons-en aux faits, de quelle stigmatisation est-il question ? Qui est ce « soi » visé par des « imprécations » ? Nicolas Sarkozy est réputé pour avoir parlé de « racailles » : le journaliste se revendique t-il racaille selon l'usage conféré à ce terme en France dans les années 2000 ? Commet-il des agressions avec violence crapuleuses ou gratuites ? Fait-il appliquer la loi d'un groupe contre la loi de la République ? Si ce n'est pas le cas, en quoi se sent-il donc « stigmatisé » ?

Qui est ce « soi » ? On angoisse à l'idée de dire qu'il s'agit des arabes, ou à la rigueur des maghrébins. On angoisse à l'idée d'être confronté à un flagrant discours raciste, basé sur une conception ethnicisée à outrance d'un groupe social, exposé sans complexe depuis Paris dans un quotidien algérien.

Et pourtant, il semblerait qu'il s'agisse bien de cela.

Ainsi, un enjeu majeur de la campagne actuelle est, pour le journaliste, la place à venir aux élections législatives de candidats « militants [...] appartenant aux minorités visibles ». En « colère contre des socialistes qui n'ont pas été capables de faire élire un seul Beur ou un seul Noir à l'Assemblée nationale », « je serais très attentif à la présence de minorités visibles dans les listes de candidats » nous dit-il. En Français dans le texte, il sera attentif à la présence de gens de couleur noire et de maghrébins (des « Noirs » et des « Beurs », avec une majuscule) parmi les candidats. Il exigera donc une sélection raciste des candidats à la représentation nationale.

Et tout ceci est publié dans une ancienne colonie. Certains militants d'extrême-gauche arguent que la décolonisation n'est qu'apparence. On peut se demander s'il ne manque pas une démétropolisation, dans la mesure où s'infiltre dans le choix des représentants de la France -pas des « Noirs », pas des « Beurs »- des considérations racistes importées de revendications de descendants d'indigènes.

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«  7 avril, Soumis à la question   

   25 mars, L'arroseur a perdu l'arrosoir »

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