Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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L'arroseur a perdu l'arrosoir

dimanche XXV mars MMVII

J'aime bien « Arrêt sur image, l'émission de France 5 s'attelant à l'analyse les médias. S'attaquant à toutes sortes de thèmes, les invités sont souvent intéressants ou, en tout cas, révélateurs de certains courants de pensée. Quant aux chroniques de l'émission, elles sont souvent raffinée, notamment celles de Judith Bernard et celles de Sébastien Bohler. Parfois l'émission déniche d'authentiques scoops, où on apprend par exemple le contexte précis de l'emploi du terme « racaille » par Nicolas Sarkozy (lien), qui rend caduques bien des remarques faites à ce propos.

Les animateurs de cette émission ont un blog. Ils ne se contentent pas d'observer les médias, ils en constituent un.

Or, au fil du temps, on ne peut que s'effrayer de la légèreté avec laquelle Daniel Schneidermann parfois publie. Il s'attarde longuement sur des non-affaires comme l'affaire Clearstream (lien, lien, lien), suivant tout à fait la vague médiatique, alors qu'il se veut avec ASI être analyste de telles vagues. Il publie aussi avec empressement des articles dénonciateurs qui s'avèrent en peu de temps complètement à côté de la plaque, notamment à propos de la présence d'Arnaud de Montebourg dans Gala (lien).

Il semblerait qu'il s'agisse d'une tendance lourde. Aujourd'hui, il publie « Sarkozy invente les "procureurs indépendants" » avec l'air d'avoir débusqué un lièvre (lien) des plus fougueux. Tout ça parce que Nicolas Sarkozy a déclaré, lundi, à propos du placement en garde à vue d'une directrice d'école que « C'est une décision judiciaire. Un procureur de la République indépendant a demandé à la police, à la suite de violences faites à un policier [...], de mettre en garde à vue cette personne » (lien). S'ensuivent des commentaires enjoués, tel celui d'un habitué des lieux dénommé Philinte qui, très persuadé de sa science acquise sur un autre site internet, affirme que Nicolas Sarkozy « s'est planté grave », qu'il a fait une « bourde », en tenant ce propos, et ce en droit. Or il n'y a aucune erreur en droit dans le propos de Nicolas Sarkozy, un procureur de la République à tout loisir de demander à un officier de police judiciaire de placer un individu en garde à vue contre qui il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis un crime ou un délit puni d'emprisonnement, ce dans le cadre d'une enquête de flagrance.

Il n'y a pas de quoi se féliciter en assistant à ce spectacle lamentable. On serait aussi bien informé en regardant le journal télévisé de TF1 ou France 2.

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«  1 avril, Après la décolonisation, la démétropolisation ?   

   24 mars, Réservistes de la citoyenneté ? »

1.

Je partage votre avis mais reconnaissez que la dialectique de NS sur les procureurs indépendants et sur la décision de placement en garde à vue manque de sérieux !

J'ai occupé vingt ans les fonctions de PR dans divers ressorts après avoir été bien sûr substitut et n'ai jamais ordonné à un OPJ de placer quiconque en GAV...Cette dernière est une prérogative propre de l'OPJ ! Du reste , pour être complet , je n'ai jamais mis fin à une GAV motif pris qu'elle ne me paraissait pas conforme aux dispositions des articles 63 ou 77 du CPP.


Je me suis , par contre , beaucoup interrogé sur la tendance - favorisée par la jurisprudence puis le législateur - à la systématisation du placement en GAV pour des faits de modeste gravité : vol à l'étalage élucidé et reconnu ne nécessitant aucune investigation , CEEA ou CEIM établies par eudiomètre , etc...

J'ai également , au cours de mes dernières années d'exercice , déploré que le nombre des GAV d'une circonscription de sécurité publique ou d'une compagnie de gendarmerie soit devenu un critère de l'effectivité de leurs actions alors même qu'il n'est pas contestable que l'on peut , tout à fait artificiellement , faire croître de tels chiffres en ne traitant , de façon réactive et non pro-active , que des infractions simples n'appelant aucun véritable travail judiciaire .

La politique est malheureusement partout et le problème de l'insécurité analysée seulement à l'aune de celle-ci .

Posté le 25.03.2007 à 21h37 par Parayre

2.

Ethylomètre bien sûr !

Posté le 25.03.2007 à 21h44 par Parayre

3.

Je suis tout à fait d'accord avec vous pour considérer qu'un placement en garde à vue ne saurait indiquer l'efficacité de services. Autant il me parait essentiel de se permettre d'évaluer l'efficacité des services publics, autant on ne saurait bêtement chiffrer cette efficacité. Lorsqu'on impose un quota de timbre-amende (peut importe comment on présente ce quota), on ne se rend pas compte que certains fonctionnaires pour s'y plier adopteront une approche bête et injuste alors que d'autres auront un résultat équivalent ou moindre en ayant sanctionné que des comportements manifestement anti-sociaux.

Par ailleurs, il est vrai qu'une garde à vue en cas de conduite sous l'empire d'un état alcoolique ou de conduite en état d'ivresse manifeste ne semble pas s'imposer de soi, l'écrou en cellule de dégrisement devant faire l'affaire.

Mais dans le cas présent, je trouve approprié la garde à vue de cette personne soupçonnée de dégradations volontaires d'un bien public. Par « indépendant », je pense qu'il faut entendre dans le propos du ministre de l'Intérieur le fait qu'un telle décision judiciaire n'est en rien exceptionnelle.

Posté le 25.03.2007 à 22h49 par Marcel Patoulatchi

4. Sur Daniel Schneiderman

Un nouvel article <lien> générant du bruit médiatique sur la base de presque rien (une dépêche AP), « Chut ! Crime (peut-être) raciste à Marseille ».

Posté le 7.04.2007 à 10h52 par Marcel Patoulatchi
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