Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Des mystères du syndicalisme des professions liées à la sécurité et la justice

dimanche IV mars MMVII

La pratique syndicale des professions liées à la sécurité et la justice me laisse songeur.

Qu'on observe le syndicat majoritaire dans la Police Nationale et on constatera qu'il n a pas grand chose à dire sinon qu'il est majoritaire. L'information figure à la première page de son site lien et c'est manifestement l'information la plus importante que ce syndicat a à transmettre, puisqu'on la trouve partout sur ledit site.

UNSA Police parle de nombre de sièges dont il dispose dans certaines commissions (bien qu'il n'y ait pas de quoi pavoiser) et de fric, rien d'autre ou presque. Le succès du syndicat réputé de gauche parmi les Compagnies Républicaines de Sécurité n'est sans doute pas sans lien avec l'optimisation de l'emploi des CRS effectué ces dernières années, optimisation qui implique moins de déplacements et donc des réductions de primes pour ces CRS. Et si environ 80 % des fonctionnaires de la Police nationale sont syndiqués, ce n'est pas nécessairement par conviction sur l'exercice professionnel, c'est sans doute aussi parce que les représentants syndicaux ont un réel rôle en matière de carrière (ce qui n'est pas en soi illégitime ; un peu particulier néanmoins) - pour certains, le syndicat n'est qu'une affaire de sous et UNSA Police assurément s'adresse parfaitement à eux. Je ne jette pas la pierre à ces fonctionnaires, à chacun ses priorités, et je sais que l'aspect pécuniaire n'est pas toujours innocent dans le choix de l'affection en CRS. Mais je suis personnellement favorable à une optimisation de l'emploi des fonctionnaires de police et des fonds alloués à la Police Nationale. En d'autres termes, si je peux comprendre qu'UNSA Police veuille à tout prix défendre les intérêts financiers de certains fonctionnaires, je n'ai personnellement aucune proximité avec un organe de défense d'intérêts très catégoriels. De même, je suis ébahi de lire dans la revue d'UNSA Police la revendication d'avoir pu permettre à 30 élèves gardiens de la paix renvoyés lors de leur visite médicale d'incorporation de réintégrer leur école de police comme si de rien n'était, sans plus de commentaire. C'est peut-être une bonne chose, si leur renvoi était injuste. Mais s'il l'était, cela atteste d'un problème grave concernant les médecins employés par la Police Nationale, l'affaire ne saurait en rester là. Or UNSA Police ne dit rien de plus. Et si leur renvoi était justifié (contrôle positif aux stupéfiants, excès pondéral), en quoi peut-il s'agir d'une victoire ? Là encore, UNSA Police défend l'intérêt de certains fonctionnaires, certes, mais il n'est pas très clair que cela corresponde aussi à l'intérêt général.

Qu'on observe le Syndicat de la Magistrature, réputé de gauche, régulièrement associé à des groupes d'extrême gauche (exemple : lien), et on se demandera comment est-il possible de concilier la position de magistrat de la République et des appels à la désobéissance aux lois régulièrement votées par notre démocratie. Ainsi, sur la page « liens et sites amis » (lien), on constatera la présence d'Indymédia -un réseau internet contestataire multiforme, généralement anarchoïde ou communiste en version ultra-révolutionnaire- ou encore de « Uni(e)s contre une immigration jetable » -un groupe proche de RESF dont l'action consiste à faire échec à l'application des lois que notre démocratie à choisie dans le traitement des questions d'immigration clandestine.

En plus des positions politiques ultra-flagrantes de ce syndicat, qui donne l'impression que la raison d'être de ce syndicat est plus d'être un forum d'expression publique jouant du prestige de la fonction de magistrat qu'une réelle représentation professionnelle, on peut estimer sa compréhension du droit et de la justice comme très relative aux dites prises de position. En effet, lorsqu'un membre dudit syndicat est condamné pour diffamation en des termes clairs (notamment invalidant en détail l'idée que les propos réprimés étaient tenus de bonne foi lien), le syndicat hurle au péril de la « liberté d'expression » dans un article intitulé « Condamnation dans l'affaire "Vos papiers" ou l'interdiction de critiquer la police », en réitérant notamment dans cet article ce qui lui est notamment reproché par la cour d'appel, c'est-à-dire de tenir des propos polémiques et non-démontrés sous couvert d'une « une démarche syndicale d'information et d'analyse de l'état du droit positif en matière de contrôle d'identité », en déclarant notamment « regretter qu'il soit désormais impossible dans notre pays de s'inquiéter de l'existence de telles discriminations [des contrôles d'identité au faciès] », en réitérant donc l'affirmation gratuite condamnée, se justifiant au moyen de rapport de la CNDS sachant pourtant que de tels rapports, comme l'a rappelé l'arrêt de la cour d'appel, « se bornent à faire état de plaintes de citoyens [...] mais n'apportent aucun élément démontrant la réalité et l'ampleur du phénomène dénoncé » (lien, p. 7).

(J'observe l'usage fait une fois de plus de la CNDS pour présenter des accusations comme une vérité judiciaire, chose particulièrement inquiétante de la part de magistrats)

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« 10 mars, On annonçait pourtant la fin des idéologies   

    2 mars, Tempêtes, verres d'eau et contrôles d'identité, épisode 2 »

1.

J'approuve - tout arrive vous voyez lorsqu'on se respecte - vos entiers termes .

Bravo !

Jacques .

Posté le 4.03.2007 à 14h44 par Parayre

2.

Votre critique à l'égard de l'UNSA n'est justifiée que du fait que ce syndicat ne développe pas les mêmes conceptions intéressant les méthodes de la police que celles issues de votre idéologie.
Aussi essayez-vous de dresser une image peu flatteuse quant à l'honneur de cette organisation.
Tristement, votre propos n'est pas plus compliqué que cela et il n'a pas d'autre vocation.

Posté le 12.04.2007 à 19h15 par Passage

3.

Passage,

Je le reconnais sans contestation que les propositions d'UNSA police ne « développe pas [de] conceptions intéressant les méthodes de la police » qui me convienne.
Elles ne correspondent pas à mon « idéologie » ? Définissez à quelle idéologie je serais censé adhérer.
Quoi qu'il en soit, il est certain que je ne conçois pas qu'on déclare à propos d'émeutes à la gare du Nord qu'il s'agit d'un affrontement « entre la population et la police ».
Je ne dresse aucune image d'UNSA police, ce syndicat (je ne parle pas de ses représentant locaux) se débrouille très bien tout seul.

Posté le 13.04.2007 à 15h27 par Marcel Patoulatchi
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