Une froide exaltation
mardi XXVI décembre MMVIJe suis un « exalté du sécuritaire », d'une « exaltation froide, très froide », m'a t-on écrit dans les commentaires d'un blog (lien lien).
« Exaltation n. f. XIIIe siècle. Emprunté du latin chrétien exaltatio, « action d'élever, de dresser (notamment la croix, le Vendredi saint) », puis, « glorification », dérivé du latin classique exaltare (voir Exalter). 1. Action d'élever très haut ; résultat de cette action. RELIG. CATHOL. Fête de l'exaltation de la sainte Croix (on dit aussi aujourd'hui Fête de la Croix glorieuse), voir Croix. Spécialt. Vieilli. L'exaltation d'un cardinal au pontificat. Fig. Action de porter très haut, de glorifier par la parole ou par l'écrit ; résultat de cette action. L'exaltation d'un héros, d'un saint. L'exaltation des faibles, des déshérités, des puissants. L'exaltation des valeurs traditionnelles tient une grande place dans son oeuvre. 2. Action de porter quelque chose à un haut degré d'intensité ; résultat de cette action. L'exaltation des sons. L'exaltation des couleurs chez un peintre. Fig. Action d'élever un sentiment à une grande intensité ; résultat de cette action. L'exaltation du sentiment religieux, du patriotisme. L'exaltation de l'énergie nationale se fit sentir dès le début des hostilités. 3. État d'enthousiasme exagéré, fébrile. Ce récit l'a mis dans un état d'exaltation. Il vivait dans une constante exaltation. Il fallut calmer l'exaltation des esprits. Une succession de phases d'exaltation et d'abattement. 4. CHIM. ANCIENNE. Accroissement de l'activité d'un corps. - MÉD. Vieilli. Accroissement anormal de l'activité d'un organe. - BACTÉRIOLOGIE. Exaltation de la virulence d'un microbe, d'un germe, augmentation de leur pouvoir pathogène, par exemple après un ou plusieurs passages chez l'homme ou chez l'animal. » (Dictionnaire de l'académie)
C'est peut-être vrai. Je pense qu'assurer la sécurité des personnes et de leur biens est le fondement même du regroupement social, de l'idée d'être alliés (socii) par l'organisation poliade. Quand j'écris, c'est à froid, apparemment non-concerné par les faits, de manière raisonnée, avec la volonté délibérée d'une certaine prise de distance.
Dans ce contexte, je dois dire ne pas être ému par le sort fâcheux d'individus que je n'ai jamais rencontré dont le comportement a d'une manière ou d'une autre contribué à la mise en péril de la sécurité des personnes et des biens. Ainsi, je ne m'attriste pas lorsqu'on me parle de ces individus en jeune âge morts lors d'un accident de voiture alors qu'ils étaient ivres et que leur automobile n'était pas assurée et déclarée épave. Je ne m'attriste pas lorsqu'on me parle de ces individus en jeune âge morts parce qu'ils ont cru que les panneaux d'EDF « danger de mort » ne les concernaient pas, pas plus qu'ils ne se sentaient concernés par l'article 7 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipulant que « tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance ». Je ne m'attriste pas lorsqu'on me parle d'un individu en jeune âge mort alors qu'au sein d'une meute il donnait des coups à un individu tout aussi jeune que lui.
Non, j'observe que tous ces individus se sont mis en péril eux-mêmes et, de plus, ont mis autrui en péril. Si je devais rencontrer leurs familles pour leur annoncer la mort de leur proche, sans doute me serait-il délicat de rester tout à fait froid, mais lorsqu'on en parle par écrit céans, sur internet, je ne vois pas de raison de jouer aux vierges effarouchées. Ces morts là ne me heurtent pas.
Les morts qui me heurtent sont plutôt comme celle de ce père de famille tué devant sa femme et sa fille de 15 ans, alors qu'il prenait en photo un lampadaire. Là , oui, je crois qu'il y a réellement lieu de s'attrister, car au delà d'une famille meurtrie, c'est toute la société qui est en péril par une injustice. La mort n'est pas toujours juste, certains meurent jeunes d'un cancer, d'autres n'en peuvent plus de survivre entre les quatre murs d'une chambre d'hôpital. La mort n'est pas toujours juste mais elle est souvent la conséquence de la vie, de l'activité ; on meurt parce qu'on se déplace en voiture, parce qu'on fait du sport, parce qu'on se promène en montagne, parce qu'on se baigne dans la mer agitée, parce qu'on vit, parce qu'on bouge. Mais lorsque la mort n'est que le fruit de l'agissement nuisible délibéré d'autres individus, de leur volonté de faire du mal parce que ça leur parait ludique, je crois que c'est le fondement même de la cité qui est menacé. Si pour tenter de le protéger il faut passer pour un froid exalté du sécuritaire, soit, c'est un prix que je suis prêt à payer. La loi sociale est froide, bien plus froide que la loi de la jungle, car moins instinctive ; quitte à choisir, je préfère une juste froideur, dont on connait les tenants et aboutissants, à une dérégulée chaleur, aux ressorts ambigus.
1.
@ Marcel
J'ai un peu récidivé chez PB ce matin, dans votre exalté et dans votre froid.
C'est sans méchanceté, ni agressivité de ma part.
Quand PB aura publié - s'il publie - l'attention que je vous ai adressée, on en reparle...
D'accord ?