Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Ici :

Ailleurs :

Une froide exaltation

mardi XXVI décembre MMVI

Je suis un « exalté du sécuritaire Â», d'une « exaltation froide, très froide Â», m'a t-on écrit dans les commentaires d'un blog (lien lien).

« Exaltation n. f. XIIIe siècle. Emprunté du latin chrétien exaltatio, « action d'élever, de dresser (notamment la croix, le Vendredi saint) Â», puis, « glorification Â», dérivé du latin classique exaltare (voir Exalter). 1. Action d'élever très haut ; résultat de cette action. RELIG. CATHOL. Fête de l'exaltation de la sainte Croix (on dit aussi aujourd'hui Fête de la Croix glorieuse), voir Croix. Spécialt. Vieilli. L'exaltation d'un cardinal au pontificat. Fig. Action de porter très haut, de glorifier par la parole ou par l'écrit ; résultat de cette action. L'exaltation d'un héros, d'un saint. L'exaltation des faibles, des déshérités, des puissants. L'exaltation des valeurs traditionnelles tient une grande place dans son oeuvre. 2. Action de porter quelque chose à un haut degré d'intensité ; résultat de cette action. L'exaltation des sons. L'exaltation des couleurs chez un peintre. Fig. Action d'élever un sentiment à une grande intensité ; résultat de cette action. L'exaltation du sentiment religieux, du patriotisme. L'exaltation de l'énergie nationale se fit sentir dès le début des hostilités. 3. État d'enthousiasme exagéré, fébrile. Ce récit l'a mis dans un état d'exaltation. Il vivait dans une constante exaltation. Il fallut calmer l'exaltation des esprits. Une succession de phases d'exaltation et d'abattement. 4. CHIM. ANCIENNE. Accroissement de l'activité d'un corps. - MÉD. Vieilli. Accroissement anormal de l'activité d'un organe. - BACTÉRIOLOGIE. Exaltation de la virulence d'un microbe, d'un germe, augmentation de leur pouvoir pathogène, par exemple après un ou plusieurs passages chez l'homme ou chez l'animal. Â» (Dictionnaire de l'académie)

C'est peut-être vrai. Je pense qu'assurer la sécurité des personnes et de leur biens est le fondement même du regroupement social, de l'idée d'être alliés (socii) par l'organisation poliade. Quand j'écris, c'est à froid, apparemment non-concerné par les faits, de manière raisonnée, avec la volonté délibérée d'une certaine prise de distance.

Dans ce contexte, je dois dire ne pas être ému par le sort fâcheux d'individus que je n'ai jamais rencontré dont le comportement a d'une manière ou d'une autre contribué à la mise en péril de la sécurité des personnes et des biens. Ainsi, je ne m'attriste pas lorsqu'on me parle de ces individus en jeune âge morts lors d'un accident de voiture alors qu'ils étaient ivres et que leur automobile n'était pas assurée et déclarée épave. Je ne m'attriste pas lorsqu'on me parle de ces individus en jeune âge morts parce qu'ils ont cru que les panneaux d'EDF « danger de mort Â» ne les concernaient pas, pas plus qu'ils ne se sentaient concernés par l'article 7 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipulant que « tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance Â». Je ne m'attriste pas lorsqu'on me parle d'un individu en jeune âge mort alors qu'au sein d'une meute il donnait des coups à un individu tout aussi jeune que lui.

Non, j'observe que tous ces individus se sont mis en péril eux-mêmes et, de plus, ont mis autrui en péril. Si je devais rencontrer leurs familles pour leur annoncer la mort de leur proche, sans doute me serait-il délicat de rester tout à fait froid, mais lorsqu'on en parle par écrit céans, sur internet, je ne vois pas de raison de jouer aux vierges effarouchées. Ces morts là ne me heurtent pas.

Les morts qui me heurtent sont plutôt comme celle de ce père de famille tué devant sa femme et sa fille de 15 ans, alors qu'il prenait en photo un lampadaire. Là, oui, je crois qu'il y a réellement lieu de s'attrister, car au delà d'une famille meurtrie, c'est toute la société qui est en péril par une injustice. La mort n'est pas toujours juste, certains meurent jeunes d'un cancer, d'autres n'en peuvent plus de survivre entre les quatre murs d'une chambre d'hôpital. La mort n'est pas toujours juste mais elle est souvent la conséquence de la vie, de l'activité ; on meurt parce qu'on se déplace en voiture, parce qu'on fait du sport, parce qu'on se promène en montagne, parce qu'on se baigne dans la mer agitée, parce qu'on vit, parce qu'on bouge. Mais lorsque la mort n'est que le fruit de l'agissement nuisible délibéré d'autres individus, de leur volonté de faire du mal parce que ça leur parait ludique, je crois que c'est le fondement même de la cité qui est menacé. Si pour tenter de le protéger il faut passer pour un froid exalté du sécuritaire, soit, c'est un prix que je suis prêt à payer. La loi sociale est froide, bien plus froide que la loi de la jungle, car moins instinctive ; quitte à choisir, je préfère une juste froideur, dont on connait les tenants et aboutissants, à une dérégulée chaleur, aux ressorts ambigus.

.

« 30 décembre, Tous les citoyens naissent égaux en droits, jusqu'à se rendre à la caisse primaire d'assurance maladie   

   23 décembre, Des contenants pour du vide Â»

1.

@ Marcel

J'ai un peu récidivé chez PB ce matin, dans votre exalté et dans votre froid.

C'est sans méchanceté, ni agressivité de ma part.

Quand PB aura publié - s'il publie - l'attention que je vous ai adressée, on en reparle...

D'accord ?

Posté le 26.12.2006 à 12h29 par Véronique

2.

" Mais lorsque la mort n'est que le fruit de l'agissement nuisible délibéré d'autres individus, de leur volonté de faire du mal parce que ça leur parait ludique, je crois que c'est le fondement même de la cité qui est menacé. Si pour tenter de le protéger il faut passer pour un froid exalté du sécuritaire, soit, c'est un prix que je suis prêt à payer. " (extrait de votre note ).

Ce qui me donne froid dans le dos, c’est ce prix que, semble t-il, vous êtes prêt à payer, par exemple, la dénonciation comme modèle d’organisation et de protection des personnes entre elles.
Ce qui me donne froid dans le dos, c’est la référence à Vichy et au nazisme que vous avez faite dans la discussion que nous avions. <lien>

Au fond, Marcel, ce que les Français ont compris ou pas compris à Vichy, je n’en sais rien. Il y a ce que moi, j’y ai compris : la crapulerie de la dénonciation, le mal, la barbarie, le ce auquel on peut consentir, l’illustration démente et meurtrière de l’incapacité à dire non.

Les outils du nazisme : les pogroms, les nuits et les jours de cristal, les étoiles, les humiliations, les coups, les ghettos,les exécutions, les fosses communes, les camions qui asphyxient, les camps, les chambres à gaz parce que les SS ne supportent plus les larmes, le sang, les cris, les hurlements...l’extermination. Exécuter à distance en empoissonnant et en étouffant, les rendements qu’il faut assurer. Faut-il vous rappeler que Vichy a devancé les demandes de l’occupant ?

Quelques jours avant de lire votre rappel à l’histoire dans le blog de PB, j’assistais à une cérémonie au cimetière du Père Lachaise. Madame Simone Weil présidait cette célébration. Pour clore son intervention, elle a dit, songeant à son frère et à son père disparus et assassinés, qu’elle pensait que le convoi dont ils étaient - juin 1944, seul convoi parti de France qui n’était pas destiné à la Pologne - a été dirigé vers les Pays baltes parce que, probablement, il y avait des fosses communes " prêtes à l’emploi ". C’est cette pensée obsédante qui habite et qui déchire cette femme magnifique au soir de sa vie.

Quand je vous ai lu, en fait, j’ai pensé très fort à elle.

Posté le 27.12.2006 à 16h31 par Véronique

3.

Véronique,

Très évidemment, je ne suis pas du tout d'accord.

Moi je ne comprend pas de Vichy que tout ce qui a contribué d'une manière ou d'une autre au génocide en est teinté. Car tout et rien y a participé, directement ou pas.

Les prémices de l'informatiques y ont contribué, par exemple - certaines entreprises aujourd'hui mondialement connues ont notamment indirectement apporté une assistance technique, en proposant du matériel de comptabilité. Que dire de la chimie, si l'on songe à IG Farben ? Evidemment, police, armée et justice (y compris barreaux) y ont contribué, et très très directement, je crois qu'il n'est pas nécessaire de revenir sur ce point.

Pourtant, il est possible, je crois, de faire de l'informatique, de la chimie, de la sécurité et de la justice, etc, à d'autres fins. De la même manière, toute dénonciation ne m'apparaît pas illégitime.

Je l'ai dit et je le redis, ce qui était grave, c'était l'adhésion à des lois racistes et génocidaires. Les outils et les actes qui ont incarné cette adhésion ne me semble eux pas spécifiquement condamnable.

Je comprend mal votre phrase finale, ce que j'en comprend me semble plutôt insultant. Je crois que le nazisme est une affaire suffisement grave pour ne pas qu'on le mélange avec tout et n'importe quoi. De la même manière, je trouve grave d'assimiler la délation à la dénonciation, je trouve dangereux de condamner la participation citoyenne à l'application des lois de la cité des Droits de l'homme et du citoyen à celle des lois racistes de l'Etat Français (je parle bien du régime ainsi nommé, évidemment pas de notre Etat d'aujourd'hui).

Posté le 27.12.2006 à 18h49 par Marcel Patoulatchi

4.

Marcel,

Qu'est-ce que vous ne comprenez-vous pas dans ma phrase finale ?

Qu'est-ce qui est insultant ?

Posté le 27.12.2006 à 19h23 par Véronique

5.

Véronique,

Je n'aime guère l'idée que me lire puisse vous faire penser à des récits de génocides. Mais j'ai peut-être mal compris votre propos.

Posté le 28.12.2006 à 1h15 par Marcel Patoulatchi

6.

"Je l'ai dit et je le redis, ce qui était grave, c'était l'adhésion à des lois racistes et génocidaires. Les outils et les actes qui ont incarné cette adhésion ne me semble eux pas spécifiquement condamnable".
Votre distinction entre "adhésion" et "actes" m'appparaît être un sophisme. Pourriez-vous préciser votre pensée ?

Posté le 28.12.2006 à 9h45 par Moa.

7.

Monsieur Moa,

Je ne trouve pas mon propos est imprécis, je ne vois pas ce que vous ne comprenez pas et ce que vous cherchez.

Posté le 28.12.2006 à 11h15 par Marcel Patoulatchi

8.

Petite illustration de notre monde « sécuritaire ». Non, décidement, je préfère être parmi les « froids exaltés » que parmi les passifs.

« Deux hommes qui avaient agressé une octogénaire pour lui voler son sac à main alors qu'elle sortait d'une église le soir du 24 décembre, ont été condamnés mercredi à dix mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Draguignan (Var). Jeannine Roura, 80 ans, s'était fait dérober son sac à main au moment où elle quittait la basilique de Saint-Maximin (Var) qu'elle venait de préparer pour la veillée de Noël. Bousculée, la vieille femme a été projetée à terre. Elle n'a pas été blessée car elle s'est protégée la tête en chutant sur la chaussée. Son sac à main contenait 10 &#8364;. Les agresseurs ont été interpellés mardi, après avoir été reconnus sur photos par des témoins de la scène. Jugés en comparution immédiate, les deux auteurs, Fathy Benaïssa, 20 ans, domicilié à Aix-en-Provence, et Ahmed El Ouadia, 24 ans, demeurant à Saint-Maximin, ont expliqué à l'audience qu'ils avaient agi sans savoir, après avoir bu une bouteille de whisky. Les deux hommes ont été condamnés à deux ans de prison, dont quatorze mois avec sursis. La peine a été assortie d'une mise à l'épreuve pendant deux ans et d'une interdiction de boire de l'alcool. Le ministère public stigmatisant "la gravité, la lâcheté et des délinquants déjà condamnés" avait requis cinq ans de prison ferme. Une troisième personne, un mineur, a participé à l'agression. Il sera jugé ultérieurement par un tribunal pour enfant. »

Source : AFP (27 décembre 2006)

Posté le 28.12.2006 à 11h19 par Marcel Patoulatchi

9.

Marcel,

suite à votre réponse de 1h15

Je pense sincèrement que dans le prix que vous êtes prêt à payer, il vous faudra peut-être envisager d’ accepter l'incompréhension et la colère chez celui qui vous lira. Car, dans la tête et le cœur de votre lecteur, il y aura la superposition immédiate et coup de poing d'images, de récits ou de souvenirs comme celui que j'ai évoqué à propos de Simone Weil.

Certaines de vos phrases à l'emporte- pièce dans le blog de PB, m’ont laissée sans voix et elles m’ont glacée.

Et pourquoi opposer les " froids exaltés " aux " passifs " ?

N’est-ce là que la seul choix possible pour qui se soucie de la cohésion et de la protection de notre société ?


Posté le 28.12.2006 à 12h22 par Véronique

10.

M. Enclume.
Sauf à pratiquer une police de la pensée ou à vouloir dédouaner tout le monde de l’ignominie, je ne vois pas comment vous incriminez l’« adhésion » aux lois scélérates et non pas les « actes » qui en sont la traduction. Que je sache les responsabilités se dégagent des actes et non de ce qui se passe dans la tête des gens. En l'absence de plus amples explications, je maintiens que votre distinction est pour le moins douteuse.

Posté le 28.12.2006 à 17h31 par Moa

11.

Marcel,

Il s'agit bien sûr de MADAME SIMONE VEIL.

Je suis très désolée et très confuse pour l'orthographe erronée de son nom.

Posté le 29.12.2006 à 10h03 par Véronique

12.

Monsieur Moa,

Venons-en aux faits : une dénonciation n'est pas un acte intrinsèquement ignoble. Une dénonciation revêt un caractère ignoble lorsqu'elle participe à l'application de lois ignobles. Ca ne va pas plus loin que ça.


Véronique,

Peut-être en effet l'incompréhension fait partie du sort des éboueurs de la société, c'est une possibilité. Il n'empêche que l'éboueur n'a pas à se satisfaire de cette incompréhension.

Par ailleurs, si des propos précis vous semblent incompréhensibles, citez les précisement, faute de quoi on ne saurait résoudre les malentendus.

Posté le 29.12.2006 à 18h30 par Marcel Patoulatchi

13.

Marcel,

Le prix à payer, ce n'est pas seulement l'incompréhension, mais c'est aussi de la douleur et de la colère.

" Les Français eux ne semblent pas avoir compris que le drame des dénonciations de juifs dans les années 40, ce n'était pas le fait de collaborer avec la police, c'était le fait de collaborer avec des lois racistes. " 07-12

" Vous ne voulez pas entendre que le problème du génocide nazi reposait sur son esprit, son sens, et non pas spécifiquement sur ses outils ? Qu'est-ce qui vous gêne là-dedans ?
Et si depuis ce génocide toute dénonciation serait mauvaise, alors pourquoi toute police ne serait-elle pas mauvaise, et pourquoi toute armée ne serait-elle pas mauvaise, et pourquoi tout État ne serait-il pas mauvais ? " 08-12

Marcel, je vous ai dit ce que je pensais avoir compris à Vichy, ainsi ce que l'expression " outils du nazisme " évoque d'entrée pour moi.

Vous allez me répondre que, par exemple, on ne peut pas condamner l'informatique au prétexte que cette technique a contribué, dans ses débuts, à l'extermination voulue et mise en œuvre par les nazis.

Argument imparable ?

Que vous le vouliez ou non, le mot dénonciation renvoie dans la mémoire collective aux déments de " Je suis partout" et aux lettres, anonymes ou pas, reçues dans les préfectures. " Les outils du nazisme " sont ceux que j'ai évoqués plus haut. Et ils n'ont été possibles que parce que, à la suite des idéologues, et en amont des criminels de masse, il y a eu les petits bras et leurs innombrables petits outils, dont celui de la dénonciation.

Je pense qu'une société ne peut, en aucun cas, prôner cette abjection et cette saloperie comme " outil " de référence et de lutte contre les insécurités et les délinquances.

C'est tout.

Posté le 30.12.2006 à 12h27 par Véronique Raffeneau

14.

Véronique,

Je ne crois pas que pour les Suisses le mot dénonciation ait la coloration qu'on lui donne régulièrement en France. Nous parlions d'un Suisse, au début.

Le mot collaborer n'est pas immonde non plus, si on l'extrait de l'histoire particulière des années 40.

Associer des mots, pire, des concepts, au passé pour les proscrire à tout jamais est bien commode pour s'en débarrasser, mais ça ne correspond pas à une analyse rationnelle de leur nature.
Je crois que ça arrange pas mal de monde en France de considérer que l'application des lois n'est que du ressort des forces de l'ordre, que eux ne sont pas concernés. C'est très Français, cet art de se plaindre de l'incompétence des élus tout en se croyant affranchi de tout devoir social autre que celui de se rendre à l'isoloir une fois de temps à autres. Tout est toujours de la faute de l'Etat, des autres.

Notons que l'apport en terme de droit de la seconde guerre mondiale, c'est aussi la notion d'infraction par actes négatifs, par abstention coupable, notamment la non assistance à personne en péril, le non empêchement de la commission de crime ou de délit contre l'intégrité corporelle, l'abstention délibérée de combattre un sinistre, etc.
C'est bien beau de condamner ceux qui agissaient au nom du mal dans ce passé mais c'est insuffisant. La majorité attentiste des Français elle ne faisait rien du tout. Si cette abstention était certes moins immonde que la participation à une entreprise génocidaire, cette abstention consistait aussi dans l'absence de dénonciation de ce qui se déroulait.

Quand Zola écrivait « J'accuse », il dénonçait. Doit-on considérer tous les dénonciations souillées, entâchées à jamais, par le crime contre l'humanité, ou peut-on admettre que l'élément déterminant est l'intention du dénonciateur, et non le simple fait matériel, que c'est bien l'élément moral et non l'élément matériel qui donne son caractère à l'acte ?

Posté le 30.12.2006 à 18h54 par Marcel Patoulatchi

15.

Marcel,

Vous ne parviendrez pas à " extraire " les mots dénonciation et collaboration des contextes auxquels ils sont désormais liés.

Et quand Zola accuse, il ne dénonce pas au sens de " délation ".

Encore une fois, je peux comprendre votre souci du droit à la sécurité pour nos concitoyens. Ce que je vous conteste, c’est le prix que vous consentez à mettre pour, illusoirement, en venir à bout.

Je ne vois pas où serait la sérénité d’une société remplis de dénonciateurs ou de collaborateurs des policiers. Ce serait très rapidement irrespirable. Et chacun a sa propre notion du bizarre, du " normal ", de " l’anormal " , de l’acceptable et de l’inacceptable, etc.

Pensez-vous que les policiers seraient absolument satisfaits et grandis par une telle assistance quasi institutionnalisée ? On peut aussi parier sur leurs compétences, leurs expériences et leurs savoir-faire, vous ne croyez pas ?

Après, il y a des circonstances ou des épisodes de la vie qui font qu’on peut être amené, dans un souci de protection, à apporter son aide dans une enquête de police. Mais nous parlons là que de circonstances précises dans des contextes précis. En aucun cas, je le redis, de façon généralisée et comme allant de soi.

Posté le 31.12.2006 à 13h37 par Véronique

16.

Véronique,

Vous dites que « quand Zola accuse, il ne dénonce pas au sens de "délation" ». En effet, il dénonce. Dénonciation et délation sont deux termes différents, la langue française est suffisement riche pour que puisse s'opérer une distinction.

Vous dites que « chacun a sa propre notion du bizarre, du " normal ", de " l&#8217;anormal " , de l&#8217;acceptable et de l&#8217;inacceptable, etc » mais la loi est une et même pour tous. C'est l'essence même de la démocratie que de définir des lois ensemble, que de permettre une définition commune de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas. Chacun n'a donc pas sa propre notion de l'acceptable, il y a bien une définition commune qui s'impose.

Aussi, je crois qu'il n'y a pas -qu'il ne devrait pas y avoir- besoin d'un grand savoir-faire pour dire à un gamin de laisser la place assise dans le bus à la personne âgée qui est debout. Nous en sommes là.

Posté le 31.12.2006 à 17h27 par Marcel Patoulatchi

17.

J'ajoute dans la foulée que j'ai en fait déjà abordé ce thème complexe à : <lien>

Posté le 31.12.2006 à 17h39 par Marcel Patoulatchi

18.

" Pour de nombreux Suisses, il est du rôle du citoyen de porter à la connaissance des autorités tout fait susceptible d'être anormal. Je n'y vois pas de scandale. " 10-12 (Justice au singulier - Post: Pour un grand ministère de la tranquillité publique !)

Et vous pensez sérieusement, Marcel, que ceux à qui on présenterait la dénonciation comme un devoir civique vont s’embarrasser des subtilités de langage et des nuances de sens entre les mots.

On ne passera pas le réveillon à disserter sur la différence entre les mots dénonciation et délation.

Ce qui est contestable dans votre point de vue, c’est de promouvoir la dénonciation comme moyen de lutte ordinaire contre les délinquances.

L’enfant qui ne laisse pas sa place à une personne âgée est un enfant très mal élevé à qui on n’a pas su, ou à qui on n'a pas pu donner les bases minimum d’une vie en société. Cette carence d’éducation, au -delà de l’incorrection qu’elle illustre, handicapera à vie cet enfant et l’adulte qu’il sera dans sa relation à autrui. La politesse est aussi un code pour réguler dans le quotidien les tensions et les violences. Mais l'indifférence de cet enfant à la personne âgée n’en fait pas un délinquant, ni même un délinquant en puissance.

Il faudrait, Marcel, vous défaire de ces raccourcis et de ces mélanges faits de bric et de broc.

Quant à l’inacceptable, je suis d’accord: la loi définit ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas pour une société. Elle définit aussi de ce cette manière des valeurs de référence communes.

Mais des médecins avant 1974 pratiquaient clandestinement des IVG...inacceptable au sens de la loi. Fallait-il pour autant les dénoncer ?

PS: Après lecture de votre note de mars 2006, je vous rappelle que les lois de Vichy définissaient qui était juif non pas en fonction d'une appartenance religieuse mais, en fonction de critères pseudos " héréditaires ou génétiques ". Une des toutes premières scènes, glaciale, du très grand film " Monsieur Klein " de Joseph Losey illustre cela.

Posté le 31.12.2006 à 18h58 par Véronique

19.

Véronique,

Personne n'a proposé de demain matin fait un grand appel à la dénonciation. Le point de départ, c'était votre dédain pour les moeurs suisses.

« Ce qui est contestable dans votre point de vue, c&#8217;est de promouvoir la dénonciation comme moyen de lutte ordinaire contre les délinquances », dites-vous. Je ne vois pas en quoi il est contestable de respecter tout ce qui contribue utilement à l'application des lois.

Ce qui me choque, au passage, quand on parle de cet enfant qui ne laisse pas sa place à une personne âgée, c'est que finalement vous ne songez qu'à sa petite gueule, à laquelle il pense déjà bien assez. Dans votre propos, le problème ne vient pas de lui (« on n&#8217;a pas su [...] on n'a pas pu ») et il en est victime (« handicapera à vie cet enfant »). Et ça, ça me choque profondement. Un enfant n'a pas besoin qu'on flatte systématiquement ses pulsions égocentriques, n'a pas besoin que lorsqu'il se montre irrespectueux on raconte que le problème ne vient pas de lui. « l'indifférence de cet enfant à la personne âgée n&#8217;en fait pas un délinquant », ça lui donne néanmoins déjà un part de la structure mentale du délinquant urbain. Quand on ajoute à cela des adultes qui le déresponsabilisent, en bref qui l'invitent à ne pas changer en lui disant que son comportement est compréhensible, en reportant sur autrui sa faute, ça lui donne une autre part de la structure mentale du délinquant urbain. Le reste sera affaire de caractère et d'occasion.

Vous pouvez bien voir des raccourcis là où vous voulez, les cheminements délinquants ne sont tout de même pas tout à fait sans explication.



Vous écrivez : « la loi définit ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas pour une société. Elle définit aussi de ce cette manière des valeurs de référence communes. [...] Mais des médecins avant 1974 pratiquaient clandestinement des IVG...inacceptable au sens de la loi. Fallait-il pour autant les dénoncer ? »

La question n'est pas tant de l'ordre du devoir de faire que du droit de faire.
Comme je l'ai déjà écrit, la dénonciation n'est un devoir légal que dans des cas précis (non-dénonciation de crime, non-dénonciation de mauvais traitement sur une personne vulnérable, omission de témoigner en faveur d'un innocent, refus de déposer par une personne déclarant publiquement connaître l'auteur d'un crime ou délit). Se pose ensuite une question morale à laquelle chacun répond pour soi.
Personnellement, je n'estime pas immoral de dénoncer un tel médecin, notamment de la part de quelqu'un opposé à l'avortement par philosophie. Je ne l'aurais pas fait moi car je ne suis pas opposé au droit à l'avortement, bien que je n'ai guère de sympathie pour l'avortement en soi, néanmoins je ne blâmerais pas l'auteur d'une telle dénonciation.

Je n'aime pas cette habitude française qui consiste à ignorer la loi communément décidée, ce qui fait que parfois la loi devient aberrante, ceci favorisant tous les dérapages puisqu'imposant à chacun de la réinterpréter largement. Je me demande parfois si la légende gaullienne de la Résistance n'a pas perverti l'esprit de la génération suivante qui aimerait à tout prix vivre des moments de Résistance, même lorsqu'elle est en situation d'omnipotence.

Posté le 1.01.2007 à 11h51 par Marcel Patoulatchi

20.

Marcel,

Personnellement, je ne me sens pas investie d’ une mission de " Résistance " qui serait dans le droit-fil de ceux qui l'ont été... résistants, et pour de vrai pendant l'Occupation. J'ai trop de respect pour ceux-là, pour prétendre en quoi que ce soit dans mon quotidien pouvant me renvoyer, ou même faire me faire songer une seconde à leur écrasant et prestigieux exemple.

Je n'ai aucun dédain pour les moeurs suisses. J'ai seulement contesté le comportement du chauffeur de bus et son détour en toute tranquillité par le commissariat. Et je vous rappelle gentiment, Marcel, que c’est vous-même qui avez évoqué, en premier, dans cette discussion dans le blog de PB, la référence à Vichy et au nazisme. Et vos mots à ce sujet-là étaient très contestables.

" Comme je l'ai déjà écrit, la dénonciation n'est un devoir légal que dans des cas précis (non-dénonciation de crime, non-dénonciation de mauvais traitement sur une personne vulnérable, omission de témoigner en faveur d'un innocent, refus de déposer par une personne déclarant publiquement connaître l'auteur d'un crime ou délit). Se pose ensuite une question morale à laquelle chacun répond pour soi. " écrivez-vous.

Nous sommes d’accord là-dessus.

Ce que j’ai essayé de vous dire depuis quelques jours,c’est que le au-delà de cela, à mon sens, ne doit être, en aucun cas, ni dépassé, ni institutionnalisé.

Bonne année, Marcel !

Mon vœu pour vous: le moins possible d’exaltation et de froideur dans vos écrits.

Ce n’est quand même pas la mer à boire, non ?






Posté le 1.01.2007 à 14h34 par Véronique

21.

Véronique,

Merci pour vos voeux, bonne année à vous aussi.

Je suis tout à fait satisfait de la législation actuelle en matière de dénonciation, je suis d'accord, « le au-delà de cela, à mon sens, ne doit être, en aucun cas, ni dépassé, ni institutionnalisé ».

Posté le 5.01.2007 à 19h47 par Marcel Patoulatchi

22. pour veronique

au citoyen helvetique arguer de la loi du moment pour denoncer elague toute reference morale et surtout ipseioue avant que naisse veronique j ai su et connu ce que cela amenait des parents dans les fours et des orphelins je vous signale que des suisses denoncaient les fugitifs aux autorites la suite se sait

Posté le 13.02.2007 à 22h11 par francis
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