Des contenants pour du vide
samedi XXIII décembre MMVILe « prix du champagne s'enflamme » titre le Figaro (lien, 23 décembre 2006, 08h52), « une simple logique de marché : la production étant limitée par les 33 000 hectares de l'appellation, elle ne parvient plus à répondre à la demande qui explose, notamment dans les pays émergents. Après 307,5 millions de bouteilles l'an dernier, difficile de fournir toujours plus, même si une augmentation des rendements à l'hectare vient d'être autorisée ».
Je ne saurais blâmer le marché, la méthode champenoise produit des breuvages tout à fait gouleyants. D'ailleurs, d'une manière générale, je vois plutôt d'un bon oeil que les viticulteurs valorisent leur production en l'améliorant. Je crois qu'il est préférable de vendre des bonnes bouteilles à 4 euros plutôt que le double de piquette à 1 euro.
Mais, tout de même, il y a une limite - il devrait y en avoir une. Lorsque je lis que « la bouteille de Moët sertie de cristaux de Swarovski est vendue deux fois plus cher pour un même breuvage à l'intérieur », j'angoisse à l'idée qu'un bon breuvage ne puisse devenir qu'un attribut de luxure pour des fats en mal de reconnaissance, que l'abondance démesurée, forcement anti-sociale dans le monde tel qu'il est, ne compense plus.
Je savais déjà que certains préfèrent boire un mauvais champagne plutôt qu'un bon crémant. Je savais aussi que certains pensent qu'on est capable de justifier par des critères gustatifs la différence de prix entre une bouteille à 8 euros et une autre à 50 euros. J'espère toutefois que suffisamment de viticulteurs sauront raison garder et rester accessibles aux amateurs, ce qui aiment la boisson avant l'emballage, ceux qui savourent le pétillant nectar au lieu de se mettre en scène par son truchement.