Désolé, bergère
vendredi XXII septembre MMVIÀ Argenteuil, « Nous sommes venus dans ce quartier parce que Nicolas Sarkozy y a mis l'étincelle", en parlant de "racaille" à propos de jeunes délinquants vivant dans ces cités, lors d'une visite sur place début novembre 2005, a déclaré le premier secrétaire du PS François Hollande, alors que venaient de s'élever quelques cris ("A bas Sarkozy!"). "Nous revenons un an après, pour dire que ces quartiers ont un avenir, que ses populations doivent être respectées et qu'en même temps, il faut des règles qui soient les mêmes pour tous et toutes » (lien).
Que Nicolas Sarkozy n'ai point résolu le problème de l'insécurité repose sur plusieurs éléments. Le premier, c'est que tous les maillons de la chaîne judiciaire ne tiennent manifestement pas leur rôle dans l'ensemble : mais parait-il qu'en France il est grand scandale d'oser suggérer que la magistrature ne puisse pas être à l'image de ce qu'on attend d'elle. Le second, c'est que Nicolas Sarkozy est un ultralibéral et que cela lui interdit de mettre tous les moyens nécessaires là où il faut, puisque son dogme est avant tout celui du recul de l'État. Le troisième, peut-être le moins flagrant, mais pourtant le plus important : on ne règle pas un problème qui s'est développé pendant 15, 20 ans en l'espace de 3, 4 ans.
Quand en septembre 2006, des pontes du PS racontent que les banlieues en question sont la honte de la France, c'est parce qu'un ministre aurait « mis l'étincelle » en stigmatisant la délinquance nommée « racaille » par les habitants du cru, y compris les concernés, on peut être certain d'une chose : ils n'ont encore rien compris. Ils parlent de respect et d'avenir pour ces quartiers mais ils parlent surtout et toujours le langage de la déresponsabilisation qui fut dans leur bouche ces 20 dernières années.
La droite ne semble pas vouloir nous donner un avenir idéal. Elle pense la fin des Institutions et la défaite de la Nation. La gauche ne semble pas vouloir nous donner un avenir. Elle pense la fin du Droit et la défaite des Institutions.
Il devient impossible pour quelqu'un comme moi de se positionner politiquement. Ce n'est pourtant pas la perte des illusions, la perte d'un idéal, qui m'affecte. Mais je suis moi aussi à présent dans l'expectative, à devoir choisir le mal pour éviter le pire.
La France aime l'homme providentiel, dit-on. C'est vrai. Nous sommes en guerre, en guerre froide, en guerre civile, en guerre des tranchées : qu'il serait reposant qu'un de Gaulle nous propose une France Libre, que la croix de Lorraine se rappelle à nous ; qu'il serait rassurant qu'un Clémenceau soit un Tigre du nouveau siècle, un premier flic de France sincère, un Père-la-victoire nous faisant sortir de la boue des tranchées.
« Désolé, bergère, J'aime pas les agneaux, Qui arrondissent le dos, De troupeau en troupeau, De troupeau en étable, Et d'étable en bureau, J'aime encore mieux les loups, J'aime mieux les moineaux, Désolé, bergère, J'aime pas les agneaux... » (lien)