Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Petitesse des grands hommes

dimanche XXVIII mai MMVI

Qu'est-ce donc qu'un grand homme ? À mon sens, les grands hommes sont ceux qui dépassent leur temps, qui excellent dans certains arts et interrompent le flux normal du temps par leurs actes.

L'historiographie médiévale et moderne aimait à faire le portrait des grands hommes. On pensait alors que le monde avançait principalement du fait de ces grands hommes, saints ou rois, hagiographes et biographes avaient leurs lettres de noblesses. A l'époque contemporaine, lorsque l'historiographie, suivant la tendance du temps, est devenue marxisante, lorsque les sciences humaines se sont mises à raisonner en classes et en mouvements de masses, les historiens ont cessé de s'obséder par les grands hommes. Qu'il y avait adhésion ou pas au marxisme, la plupart des historiens n'accordaient plus au grands hommes la place qui leur était précédemment dévolue. Ils n'étaient plus les grands architectes d'un temps mais, au mieux, les incarnations de grandes tendances. Depuis l'aplatissement du paradigme marxisant ont refleurit les biographies, comme nous pouvons le constater en librairie. Comme souvent en historiographie, la finesse s'acquiert au fil du temps, il faut d'abord passer par des étapes très caricaturales et simplistes pour pouvoir admettre qu'il y avait du juste et du faux dans chacune des étapes. À une théorie extrême, l'homme est souvent tenté d'opposer une autre théorie extrême, le rendant incapable de saisir les éléments pertinents contenus dans la première. Je pense que cela se vérifie à propos des grands hommes. Il était certainement erroné de croire que l'aventure humaine se résumaient aux faits et gestes de quelques hommes célèbres. Il était tout aussi erroné de croire que les actes d'une poignée qui ont marqué leur temps étaient pourtant indifférents.

Bien évidemment, les grands hommes des uns sont les infâmes des autres.

Charles de Gaulle, un grand homme ? Dans un sondage récent fait par France 2, il apparaissait comme l'homme le plus aimé des Français. Comment pourrait-on considérer comme petit celui qui à l'heure où l'ensemble des hommes de pouvoir de la Nation se trompaient, soit par l'adhésion aux théories de nationalisme extrême, soit par la croyance en la poursuite d'une autonomie nationale dans la collaboration, il osa prendre la poudre d'escampette et déclarer incarner la France libre ? Comment pourrait-on considérer petit celui qui ne se laissa pas enfermer par ses a priori politiques qui auraient pu le conduire au néo-pacifisme de droite et entra en résistance, alors que d'autres que l'idéologie aurait du naturellement conduire en résistance n'en firent rien tant qu'ils n'en reçurent pas l'ordre de Moscou ? Charismatique, motivé et conscient de ses aspirations, il fit placer la France dans le camp des vainqueurs alors que le pouvoir légitime français, l'État Français, le régime du Maréchal, était de toute évidence dans le camp des vaincus. Les Alliés, notamment nord-américains, voulaient négocier l'avenir de la France avec l'amiral Darlan, ce qui aurait définitivement fait de la France une nation vaincue. Il parvint néanmoins à s'imposer, profitant de l'assassinat de Darlan à Alger par un résistant royaliste (lien), bénéficiant également du soutien de Churchill (lien). De Gaulle était grand et la France lui doit énormément. Charismatique, il aimait également le pouvoir. Il fit sa traversée du désert lorsqu'on lui refusa un constitution pour la France donnant au président un grand pouvoir, quasi-régalien, pouvoir de la nature de celui qu'il avait eu lorsqu'il incarnait la France au sein des généraux des forces alliées. Il revient à la vie politique lorsque la France désemparée par les guerres de décolonisation ne sut plus quoi faire. Le contexte était idéal pour imposer le régime constitutionnel qui lui convenait, ainsi on saborda la IV République. Mais le grand homme, le brillant homme, laissa quand même finalement l'Algérie aux mains des assassins du FLN (lien), des gens qui égorgeait femmes et enfants comme s'il s'agissait de moutons, des gens pour qui l'arrivée au pouvoir signifiait la déclaration de toute opposition illégale. Et nombre de harkis (lien), des individus méritant la nationalité française plus que tout autre, furent laissés sur le carreau. Si l'autonomie de l'Algérie devait être accordé pour des raisons morales et pratiques, je ne parviens pas à penser que cela fut fait pour le mieux. On aurait du faire mieux. C'est mon point de vue de simple citoyen.

Après avoir parlé de de Gaulle, comment ne pas songer à François Mitterrand ? Entré en politique à la droite de la droite, au sein de l'Action Française, son parcours fera de lui le premier président socialiste de la Vème République. Certains intègres grincheux lui reprocheront son passé, le fait qu'il fut notamment décoré de la francisque (lien). M'est avis que trop d'intégrité politique au fil d'une vie est suspecte, ce serait comme la marque d'un manque de curiosité ou l'absence de la moindre capacité d'écoute et de remise en cause de ses certitudes. Président deux fois élu, il marqua son temps, par sa prestance comme par ses actes. Il ne laissera pas l'image d'un président élu pour éviter le pire, par défaut, il ne laissera pas l'image d'un président dont les mandats n'auraient été qu'échappatoires à des poursuites judiciaires. Mais le grand homme était facétieux, machiavélique, comme il en ressort de l'affaire de l'Attentat de l'Observatoire (lien) ou encore du fait qu'il mena une double-vie conjugale (lien).

Après de Gaulle et Mitterrand, il me semble logique de parler ensuite de Nicolas Sarkozy. Peu de monde semble indifférent à ce dernier, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Que ce soit dans les termes « Sarko », « le nabot », ou sur support visuel, à l'exemple de l'affiche présentant une photo de Nicolas Sarkozy avec pour seul slogan « Votez Le Pen » (lien), il semble susciter les passions. On est pas non plus surpris d'apprendre que l'humoriste Jean-Marie Bigard (lien) passe le réveillon avec Sarkozy, on n'est pas non plus tout à fait surpris de voir dans tel commissariat bien en avant une photo d'un fonctionnaire de police lui serrant chaleureusement la main. Son charisme est indéniable, son courage est manifeste, notamment lorsqu'il s'implique pour négocier directement avec un preneur d'otages ceinturé d'explosifs. Mais le grand homme n'est pas sans petitesses non plus. Ainsi il refuse d'appliquer dans sa commune la loi sur les logements sociaux et ne semble pas avoir de programme social, un désintérêt troublant lorsque l'on sait que son frère fut vice-président du MEDEF, organisation pour qui « la liberté de penser s'arrête là où commence le code du travail » (lien).

La grandeur serait-elle politique ? Il faut bien admettre que ma définition de départ l'induit en partie. Mais pas nécessairement. Cet après-midi, je regardais le grand prix de Formule 1 de Monaco. Michael Schumacher démarrant dernier sur la grille fit le meilleur temps au tour de la course et se retrouva cinquième à l'arrivée, sur un circuit où les dépassements sont extrêmement complexes. Comment ne pas être surpris par ce talent ? Un talent gigantesque... qui pourtant lui aussi s'accompagne de ses petitesses, une longue liste d'actes douteux commis par le grand champion sur les circuits, en particulier lors de courses dont l'arrivée était d'importance capitale (lien), comme celui qui lui valu pour ce dernier grand prix de démarrer dernier par sanction : il avait le meilleur temps aux essais, devait donc être en pôle position, mais lorsque Fernando Alonso (lien) fut sur le point de battre son temps, et donc d'être devant lui sur la grille, il stoppa son véhicule et le gêna délibérément.

Que dire aussi de Gérard Depardieu, l'acteur français le plus connu au monde ? Il fut d'une grandeur sans nom dans ses prestations anciennes, un Cyrano immémorial (lien) au charisme époustouflant, que ce soit en Tenue de soirée (lien) ou ailleurs. Que penser lorsqu'on le voit chez Michel Field venir nous parler d'un bouquin de recettes qu'il n'a pas écrites, ou encore sur le plateau de Césars lorsque sa fille se voit récompensée, où, dans les deux cas, les commentateurs polis nous disent que le grand homme est dans un état second. Moi je vois bien qu'il est beurré, comme parfois lorsqu'il est sur la route (lien), un travers presque familial (lien).

Songeant à ces grands hommes, comment ne pas partager la conclusion du pilote de Formule 1 Matt Damon lorsqu'il parle du talent et du comportement de Schumacher : « I am full of admiration for the former, but the latter leaves me cold » ?

Rares sont les grands sans petitesses connues. Je n'ai pas d'exemple en tête, sinon Marc Bloch (lien), démocrate et républicain, historien talentueux, observateur lucide du temps, combattant de la France tant par l'engagement militaire en 14-18 et 40 que par l'engagement résistant en 40-44, mort pour la France.

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«  1 juin, L'insoutenable relaxe et les articles 434-24 et 434-25   

   27 mai, L'épineux non-débat sur l'immigration, suite »

1. Я клÑнÑÑ

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Posté le 20.09.2015 à 9h31 par BenitoSer

2. Il faut savoir lacher les postures radicales.

Une porte enfin mene a un premier couloir, desert. <lien>/ Il avait ete denonce par l etude NutriNet-Sante.

Posté le 16.10.2015 à 9h52 par PipaSer
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