Le scandale du bon sens
lundi XXIV avril MMVIUne chose qui m'impressionnera toujours, c'est la facilité avec laquelle on peut faire du bruit dans le petit monde politicien en énonçant de simples banalités de bon sens.
Samedi, « Nicolas Sarkozy a déclaré "si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter" », ce que certains, notamment du PS, qualifient de « xénophobie » (lien).
Vous m'excuserez mais moi j'appelle cela du bon sens.
Tu n'aimes pas ta femme ? Divorce ! Tu n'aimes pas ton boulot ? Cherches-en un autre ! Tu voudrais changer de voiture ? Va chez le concessionnaire ! Quand on aime pas quelque chose, on ne s'y accroche pas en tâchant de lui nuire, on va voir ailleurs.
Sinon, on est nuisible, quelque chose qui ne sert à rien sinon à faire du tort. Un peu comme ces maris, qui ont récemment fait l'objet de discussions au Parlement, qui refusent de divorcer mais qui persistent à battre ou violer leur femme, des actes de haine ou de mépris, et non d'amour.
Mais dire cela, ça fait du bruit. Il faut dire qu'en France, l'idée qu'on puisse dire à quelqu'un qu'il ne sera pas regretté s'il n'a rien à proposer est pour certains scandaleuse, si ce quelqu'un est immigré ou d'origine immigrée. Ça fait partie du nuage de propos impossibles à dire à propos d'une fraction de la population française ou de France. Une sorte de racisme admis, tout aussi stupide que celui de l'extrême-droite, que l'on oppose de manière lamentable à celui de l'extrême-droite, justement.
Vu que de telles déclarations reposent sur un bon sens difficilement contestables (je ne vois pas pourquoi ce qui serait vrai dans tous les cas deviendrait subitement faux à propos de la Nation - ceci étant dit, un tribunal correctionnel s'est déjà exprimé sur ce point en condamnant de tels propos, je me demande comment, j'aurais bien aimé être à l'audience), ça donne un crédit énorme à ceux qui les soutiennent. Vu que ceux qui s'y opposent n'ont aucune autre justification que l'idéologie, les uns apparaissent comme détenteurs de la logique, du réalisme, et les autres apparaissent comme des furieux embrigadés.
Remarquez, c'est peut-être une carte à jouer. Vu les bruits causés par une circulaire donnant des indications aux préfets pour faire appliquer les lois votées par le Parlement (lien), il y a peut-être un public pour les discours abrutis. Oligarchie et ochlocratie sont-elles dans le même bateau ?