Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Un nihiliste aux commandes

mardi XVIII avril MMVI

« "La colonisation a réalisé un génocide de notre identité, de notre histoire, de notre langue, de nos traditions (...) Nous ne savons plus si nous sommes des Amazighs (berbères), des Arabes, des Européens ou des Français" a déclaré lundi le président [d'Algérie] Bouteflika, lors d'un voyage à Constantine » (lien).

En lisant cela, l'envie pourrait nous prendre de faire de l'histoire, de réfléchir à une affirmation aussi expéditive et unilatérale. Ce faisant, nous passerions probablement à coté du sujet.

En fait, il est manifeste qu'un tel propos n'est pas dans la bouche du président Bouteflika en vue d'éclaircir la connaissance du passé. Sauf erreur de ma part, il n'est pas un chercheur en histoire. Et, si tel était le cas, tout ceci ne pourrait expliquer la mise en relation de cette déclaration avec le fait que « la signature du "traité d'amitié" entre l'Algérie et la France, prévue en 2005, n'a toujours pas eu lieu ».

Je dois avouer ne pas suivre avec une grande attention l'actualité de l'Algérie. Mais ça m'inquiète d'imaginer ce grand pays aux mains d'un nihiliste.

Comment peut-on surfer sur des souffrances encore récentes (notamment celles des attentats du GIA en France ; ou encore des ressortissants français trucidés là-bas) pour bâtir une Nation ?

L'enjeu de l'Alsace-Moselle fut très largement constitutif des esprits nationalistes français et allemands. Il est facile d'évaluer les conséquences du développement de ces esprits jusqu'à leur paroxysme, à leur extrêmes.

Il me paraît essentiel pour une entité civique de se constituer autour de valeurs, faute de quoi, il n'existe pas de cité. Mais si ces valeurs doivent s'avérer être haineuses à l'égard d'autrui, si elles ne promettent aucun avenir commun, alors ce sont des valeurs nihilistes, à proscrire et à condamner sans réserve.

J'espère pour les Algériens que leur président a mieux à proposer qu'accuser la France d'être à l'origine de tous les maux du pays qu'il est censé gouverner. Sans tenir compte du fait qu'une vision des choses aussi simpliste suggère des troubles mentaux, il s'agit surtout d'un aveu d'incapacité à proposer un avenir, d'une incapacité à se définir par sa volonté et ses valeurs. Il ne sait même pas s'il est Français ou pas, plus de 40 ans après la proclamation de l'indépendance de son pays. C'est à n'y rien comprendre.

Ce n'est pas totalement absurde de se définir par mécanisme d'opposition, d'altérité diraient certains (concept parfois très abusif). Mais c'est a priori de nature à compliquer le rapport à l'autre. D'ailleurs, parler de génocide à propos de tout et n'importe quoi ne fait qu'obscurcir la compréhension des choses. On peut penser ce qu'on veut d'une domination culturelle mais on doit admettre qu'en soi elle ne cause la mort de personne. Elle n'est certainement pas la marque d'un plan concerté destiné à faire dispaître de la surface du globe un groupe ethnique défini.

S'il parait incontestable que la France a autrefois fait du mal à l'Algérie, depuis la décolonisation certains Algériens ont montré qu'ils pouvaient lui faire bien pire. Et ce n'est pas fini.

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« 19 avril, À quand une collecte de fonds pour le GIA ou le FIS ?   

   17 avril, La carapate »

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