Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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La carapate

lundi XVII avril MMVI

Un grand film français est passé sur France 2 pour fêter la résurrection de Jésus Christ. Car contrairement à ce que l'on pourrait croire en lisant paques.org (lien), il y a bien un fond chrétien à l'origine de ces jours fériés, on ne passe pas de « il y a environ 5.000 ans, les Perses offraient déjà des oeufs » sans transition à « c'est réellement à partir du XIIIe siècle que les premiers oeufs peints firent leur apparition en Europe ».

Ce grand film c'est « la carapate » avec Victor Lanoux et Pierre Richard. Un film qui assurément doit constituer « l'exception culturelle » française. Un bon vieux nanard sympa, un peu grossier mais agréable à regarder. Le genre de nanard qui réussit à récolter un T noir sur Télérama.

Pierre Richard est égal à lui-même. J'aime beaucoup. Après Jugnot c'est sans doute un des acteurs français qui me plaît le plus. Concernant le cas Lanoux, c'est plus délicat. Dans ce film il est bien. Mais je ne vois pas trop ce qu'il a fait ensuite, sinon des séries un peu niaises ou il avait néanmoins le mérite de jouer des rôles de flic au grand coeur (même Sami Nacery aimerait jouer un rôle de flic ; c'est étrange comme ce métier si particulier semble attirer tout type de personnages... même si peu de monde est sans doute capable d'assumer ce métier dans son ensemble et sans romantisme outrancier).

Ce film me semble largement symbolique d'une époque. Moi-même, moi le gros lourd souvent favorable au répressif, se plaçant a priori du coté du mal-aimé intérêt public, je n'ai pu résister, au final, à l'envie de me réjouir que le voyou incarné par Victor Lanoux s'éclipse au nez et à la barbe du juge d'instruction et des condés, tous ridiculisés.

Qu'y puis-je, l'ensemble du film pousse à ne prendre en considération qu'un intérêt privé ? Tout ce qu'on voit, c'est que concrètement l'amusant voyou vole une société injuste et déjà si mirifique qu'elle peut souffrir une petite entorse ; et cela en risquant l'enfermement, voire la décapitation. Finalement, l'intérêt public semble réduit à néant. Il faudrait être un monstre pour se soucier d'un intérêt public qui ne semble pas fondamentalement atteint, car tout puissant, au détriment d'un intérêt matériel facilement qualifiable.

Il est vrai que ça simplifiait les choses quand les bandits volaient les banques. Il était plus aisé de ne pas voir qu'il s'agissait d'une mauvaise loterie. C'est plus dur de nos jours, période où les bandits sont des racailles qui ne font que voler les plus démunis.

Toujours est-il que je ne serais pas surpris d'apprendre qu'un certain nombre de personnes voient toujours le monde ainsi, la délinquance ainsi, en étant toujours constant dans la volonté de clémence de la part de la Justice. Certains semblent bloqués en 1978, époque de publication de « la carapate ». Ça me semble l'unique manière de privilégier a priori l'intérêt privé à l'intérêt public, à glorifier l'avocat dépourvu de tout contact avec la réalité incarné par Richard plutôt qu'à donner la parole à ceux qui oeuvrent au nom de notre démocratie.

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