Sondages : prédire ou choisir ?

Une dépêche de Reuters, datée du samedi 8 janvier 2005 à 18h10, me semble mériter quelque attention. Cette dépêche porte les résultats d'un sondage. Ce ne sont pas les résultats dudit sondage qui me semblent intéressant. Non, c'est la question posée aux sondés qui m'intrigue : « Personnellement, pensez-vous que l'année prochaine, une baisse d'impôt sur le revenu aura lieu ? ».

Sans trop de surprise, on apprend que les sondés de tendance socialiste ne le pensent pas. Sans trop de surprise, on apprend que les sondés de tendance UMP le pensent. Ces résultats nous apprennent qu'on se fie plus au gouvernement lorsqu'on est sympathisant UMP que lorsqu'on est sympathisant PS - car une telle réduction d'impôt est prévue par le Gouvernement UMP.

Mais n'aurait-il pas été bien plus intéressant de savoir ce que les Français pensent d'un tel projet ? Les Français sont-ils majoritairement désireux de réduire un des rares impôts égalitaires (puisque proportionnel aux revenus), sachant que les finances publiques sont déficitaires ? En d'autres termes, toute réduction d'impôt dans un contexte déficitaire implique soit d'augmenter le déficit -le Gouvernement prétend vouloir le contraire- soit de réduire les dépenses publiques -ce que le Gouvernement prétend vouloir faire. Cependant, le gouvernement promet plus de Santé, plus de Justice, plus d'Éducation : on ne peut donc d'attendre qu'à une réduction des dépenses publiques que par le biais d'une privatisation des réalisations sociales en Santé, Justice et Éducation.

La réduction d'impôt me semble être un problème de fond de l'actualité. Comment devrait-elle être réalisée ? Doit-elle être réalisée ? Doit-elle toucher les impôts égalitaires ? Quelles en sont les implications vis-à-vis des autres impôts moins justes (ceux à chiffre indépendant des revenus, qui ne touchent que la classe moyenne) ? Quelles en sont les implications en matière de services publics ? Je pense qu'on pouvait difficilement aborder la question de la réduction de l'impôt sur le revenu de manière aussi inintéressante que l'a fait ce sondage. Un sondage n'a pas pour vocation, certes, de rentrer dans le détail des problèmes qu'il aborde ; mais dans cet exemple précis, il ne nous renseigne même pas un instant sur l'avis des Français sur le thème évoqué.

Source : Dépêche de l'agence Reuters vue sur lien