Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

.

Ici :

Ailleurs :

Quand l'amalgame vient de l'Intérieur

dimanche XIV octobre MMVII

« Une association d'aide aux prostituées basée à Lyon a révélé, vendredi 12 octobre, que des agents de la police des frontières lui avaient demandée de leur fournir les adresses de sans-papiers afin de les interpeller », selon le Nouvel Obs. Ainsi, lors d'un entretien fin septembre, « les policiers m'ont demandé les adresses de celles qui n'ont pas de papiers, puis ils m'ont demandé de les faire venir sous un faux prétexte, pour pouvoir les interpeller, [...] Ils ont tenté de m'intimider, disant qu'ils allaient mettre les salariés de l'association en garde-à-vue, et que je risquais trois ans de prison pour aide au séjour irrégulier », a affirmé à l'AFP Florence Garcia, directrice de l'association lyonnaise Cabiria (lien).

Rien de nouveau sous le soleil ? La surprise ne vient pas de là mais de la réponse du directeur départemental de la police aux frontières (DDPAF), André Pichon, qui « a confirmé à l'AFP avoir convoqué sa présidente pour demander sa collaboration dans le cadre d'une enquête sur un réseau d'immigration clandestine, sans reconnaître les pressions ».

Très honorable vis à vis de ses subordonnés, il a, en substance, reconnu que « l'agent lui a sûrement rappelé la loi, peut-être de façon un peu malhabile ». De fait, une personne qui a connaissance d'un trafic clandestin et fait obstacle à une enquête en cours est susceptible d'être inquiété. Les intéressés n'aiment pas se l'entendre dire. Seront toujours « malhabiles » ceux chargés de le leur faire savoir, tout comme est toujours « malhabile » au yeux du contrevenant la contractuelle verbalisant son stationnement dangereux.

Passons outre ce point de détail. Le plus intéressant est d'entendre ce même DDPAF se justifier en disant que « nous ne sommes pas la police de Vichy, et nous n'avons pas besoin de tels stratagèmes ». Le crime de la police de Vichy était dans la mise en oeuvre d'une législation raciste et la protection d'un régime dictatorial. Ses méthodes n'étaient pas particulièrement extravagantes pour l'époque. Oser un rapprochement avec la police de Vichy en évoquant des méthodes d'investigation, même sous la forme négative, c'est proposer l'amalgame en parlant technique tout en oubliant l'idéologique, idéologique qui est pourtant indissociable du passé d'un régime impliqué dans le génocide nazi. C'est d'autant moins délicat qu'un tel amalgame est courant, notamment dans le discours de certaines associations comme RESF, qui, en dépit de leur position extrême, touchent un auditoire large, avec l'appui de la presse.

Le propos est donc pour le moins brumeux. Plutôt que de spéculer sur l'éventuelle incompétence de son personnel et proposer des amalgames dont on saisit difficilement les contours, peut-être aurait-il été préférable de, justement, en premier lieu rappeler, avec habilité, ce que dit la loi de ceux qui ont connaissance de trafics clandestins et font obstacle aux procédures judiciaires qui y sont relatives.

.

« 17 novembre, Le cinéaste de chambre dans sa dernière demeure   

   13 octobre, Laurent Joffrin revoit et corrige »

Pseudonyme, nom :

Adresse (url, courriel) :

Titre du commentaire :

Commentaire :

Retour à l'index