Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Frivolité magistrale

mercredi VI juin MMVII

« La vie ne cesse d'envoyer des clins d'oeil cocasses » écrivait il y a peu le juge des enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosensweig (lien) évoquant la présence de nombreux policiers lors d'une audience dans sa juridiction. Il n'a pu « s'empêcher de rigoler en voyant ce mur de policiers devant l'accueil du tribunal ».

Aujourd'hui, auprès l'agression à l'arme blanche par Fathia B. du magistrat Jacques Noris, la sécurité des juridictions prête moins au sourire, devant « la colère des magistrats » (lien). « l'Union syndicale des magistrats [réclame] "un plan d'urgence" pour les juridictions en danger, faute de quoi les magistrats exerceraient leur droit de retrait » - on peut s'interroger sur le message envoyé par l'Institution judiciaire aux autres Institutions (éducation, sécurité publique, santé), celles qui sont réellement au front.

Peut-être faudrait-il faire une expertise sur les rapports entre « population et magistrats », qui sait (lien) ?

Mais revenons-en, avec l'ami Jean-Pierre, à la police. Ce dernier nous narre l'essentiel d'une affaire d'outrage, une affaire qui pour lui « pose de vraies questions juridiques ». Ces « vraies questions » sont les suivantes :

« 1° Outrage-t-on des policiers en particulier quand on se moque de la police en général ?

« 2° Est-ce un outrage ou un injure de faire la poule à distance tout en visant des policiers quand dans le fond culturel français, au moins dans les vieilles générations - on qualifie les policiers de poulets sans que cela ait la moindre connotation injurieuse ?

« 3° En quoi un policier en civil qui n'est pas en service et que personne n'identifie comme policier peut-il être outragé quand ces collègues sont visés ? »

« 4° Un policier peut-il interpeller une personne quand il n'est pas en service en alléguant être policier sans montrer sa carte ?

« 5° N'est-on pas légitime à suivre quelqu'un qui prétend être policier?

« 6° A supposer que l'une ait mis une gifle à l'autre, l'autre est-elle légitime à mordre en l'une lui occasionnant 3 jours d'ITT

« 7° Si l'on retient la responsabilité pénale de la jeune fille il faut décider du prix de la douleur.

« 8° et cerise sur le gâteau : la question de la responsabilité civile dans la mesure où la jeune fille au moment des faits est confiée à l'ASE qui l'avait elle-même confiée à un foyer. Qui est responsable civilement : la mère, l'ASE ou le foyer sachant au final que les LLoyds de Londres paieront les dommages et intérêts. »

À la première question, je ne saurais répondre. Outrage t-on des juifs / noirs / magistrats / homosexuels / martiens en particulier lorsqu'on se moque des juifs / noirs / magistrats / homosexuels / martiens en général ? Je laisse la question ouverte. Je serais d'avis que c'est tout à fait le cas, même si je ne considère pas une moquerie comme un fait remarquable, digne d'attention.

À la seconde, dans l'esprit de ce que je viens de déclarer, je ne considère pas une telle moquerie comme digne d'intérêt. Quoi qu'il en soit, une telle moquerie ne témoigne pas d'un grand respect d'autrui. À titre de provocation, le fait n'est pas insensé ; il est plus étrange, socialement, s'il est naturel dans l'esprit de son auteur.

À la troisième, il me semble que dès lors que des individus sont attaqués en raison de leur appartenance à un groupe, tout élément du même groupe est concerné par cette attaque, même s'il n'a pas été explicitement visé en raison de l'ignorance de son appartenance au dit groupe. À titre d'exemple, si, ignorant la qualité de mon voisin qui s'avère être enseignant, j'injurie publiquement à ses côtés le corps enseignant, je l'injurie. Ce serait différent si, toujours aux côtés de cet enseignant, même en connaissance de sa qualité d'enseignant, j'injuriais publiquement certains de ses collègues en les visant personnellement, et non leur corps.

À la quatrième question (si par « interpeller » il faut lire « appréhender »), il suffit de se reporter à l'article 73 du code de procédure pénale qui dispose que tout citoyen peut appréhender l'auteur d'un crime ou délit flagrant et le présenter à l'officier de police judiciaire compétent le plus proche. Carte professionnelle ou pas, en service ou hors-service, la donne est inchangée : si le prévenu, au cas où il se serait rebellé, ne conteste pas qu'il avait connaissance de la qualité de policier de celui l'ayant apprehendé, il n'y a pas de raison que cela prête à conséquence.

Je ne saisis pas le sens de la cinquième question dans sa formulation présente et le contexte donné.

Pour répondre à la sixième question, il me semble qu'il suffit de se reporter à l'article 122 du code pénal, seul susceptible de justifier des violences volontaires ayant entrainée une incapacité totale de travail. Si la morsure, le fait de violence de la personne mise en cause, n'était pas une réaction concomitante, proportionnée et nécessaire pour se soustraire aux violences initiales commises, selon la mise en cause, par la plaignante, il n'y a pas de raison d'envisager que la morsure puisse être légitime. La gifle, contestée, de même n'a pas de caractère légitime de manière flagrante, puisqu'elle n'apparait pas nécessaire ni utile, ni prescrite par l'ordre de la loi, pour appréhender la personne mise en cause.

La septième question m'intrigue. Le prix de la douleur de violences volontaires est connu : il est tarifé par le code pénal en fonction du taux d'incapacité totale de travail, établi par certificat médical, ainsi que l'existence de circonstances aggravantes.

La huitième question est du registre civil; je passe.

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«  8 juin, La sécurité « routière » et les deux-roues   

    4 juin, De bons rapports avec la population »

1.

Je trouve décidément que vous avez une relation conflictuelle quasi-pathologique avec la magistrature et une empathie sans mesure ni recul avec la police ...

La première comme la seconde sont à mes yeux excessives tant ces deux institutions, plus que respectables globalement, ne méritent, à mon sens, ni critiques ni laudations systématiques .

Elles agissent au quotidien, avec leurs moyens humains et matériels, s'efforcent dans une société ambivalente, demandant tout et son contraire, de jouer leur rôle.

Les opposer régulièrement, comme vous le faîtes, me semble dangereux car leurs actions se doivent d'être complémentaires dans le respect mutuel .

Je n'ai jamais choisi entre l'une et l'autre, conscient qu'elles recèlent toutes deux des qualités et des défauts que l'Etat se doit de favoriser et de réduire mais sans privilégier l'une des deux.


Peut-être me manque-t-il l'esprit de corps dont vous êtes animé mais, il est vrai que ce dernier m'a toujours fait peur et m'a conduit à me montrer exigeant avec mes pairs comme avec mes partenaires d'exercice.

Bien à vous .

Posté le 10.06.2007 à 13h47 par Parayre

2.

Je ne vois pas ce qui dans le billet que vous commentez relève d'une « relation conflictuelle quasi-pathologique avec la magistrature » ni d'une « empathie sans mesure ni recul avec la police ».

Pouvez-vous élaborer vos remarques - qui pour l'instant restent gratuites ?

Posté le 10.06.2007 à 14h16 par Anonyme courageux

3.

J'ai, sans flagornerie, sincèrement plaisir à vous lire sur votre blog ou celui de Ph. Bilger et ce, depuis de longs mois.

J'ai constaté par ces lectures régulières et encore une fois intéressées que vous avez régulièrement des mots durs et définitifs sur la magistrature mais que par contre, vous développez une défense systématique des forces de sécurité.

Il n'est pas dans mon propos de jouer à relever dans les "élucubrations" du présent ou dans les commentaires déposés sur "Justice au singulier" des phrases étayant mon "analyse" .

De surcroît, il est de votre droit absolu d'observer une telle attitude et dans le fond, stupide autant que présomptueux de ma part de vous le faire remarquer, libre que vous êtes - et heureusement -de développer vos pensées.


Cependant, nous avons je crois, chacun, plaisir à la querelle intellectuelle et vous ne manquez pas du reste, chez Ph. Bilger, de me contredire lorsque vous l'estimez utile.



Alors mon précèdent commentaire n'était que l'occasion de souligner votre "défense passionnée" du corps de la police et votre "vigilance" décidément sévère envers celui de la magistrature.

Je suis, par nature, plus modéré mais il est vrai qu'avec l'âge et le recul, je m'interroge peut-être trop ayant vécu professionnellement des affaires, des situations humaines m'appelant, dans le domaine pénal, à la circonspection plutôt qu'à la certitude.

Cordialement.

J.P

Posté le 10.06.2007 à 19h08 par Parayre

4.

Disons qu'il me semble que l'un des deux corps est plus souvent décrié, à mon sens à tort.

Non pas que la police soit parfaite, loin de là. Mais j'observe souvent qu'on la critique là ou elle est irréprochable. Ex :
<lien>
<lien>


Les magistrats souffrent moins régulièrement la critique infondée. Aussi, leur irresponsabilité constante lorsqu'ils commettent les actes qui me semblent les plus déments (ex : remise en liberté conditionnelle de Pierre Bodein, maintien en liberté de Majdi Bejaoui, etc) ne contribue pas à une bonne entente, appelle à la critique sévère.
Non pas que tous les magistrats commettent des impairs (on ne parle évidemment que des trains en retard), mais il me semble que certaines erreurs sont trop lourdes pour les épaules d'un seul homme, que certaines décisions impliquent un pouvoir démesuré.

Vous noterez qu'il m'arrive aussi de tenir un discours positif sur des magistrats :
<lien>

Vous noterez qu'il m'arrive également de tenir un discours critique, mais réservé, sur l'action de la police :
<lien>
<lien>


Posté le 11.06.2007 à 16h51 par Anonyme courageux

5.

Et vous appelez cela un "discours critique" sur l'action de la police ?
Les critiques de nos contemporains (Le "pop

Posté le 17.06.2007 à 8h38 par Anonyme courageux
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