Comme un voile opaque

L'avocat Jacques Vergès (lien) est tôt entré dans l'histoire. Depuis qu'il a représenté Klaus Barbie dans les années 1980, qui ignore son nom ? Ce qui est moins célèbre, c'est son engagement d'extrême-gauche de longue date. Ce qui ne l'est guère, ce sont ses contacts plus que rapprochés avec des individu(e)s soupçonnés, voire accusés, d'avoir perpétré des attentats terroristes pendant la guerre d'Algérie. Ce qui ne l'est pas, ce sont ses activités des années 1970 : certains pensent qu'il travaillait pour les khmers rouges (!!!), d'autres qu'il était employé par les services secrets chinois (!!! bis). Cela n'ôte rien de ses qualités d'avocat, cela invite néanmoins à la prudence quand on l'observe déclarer que notre justice est une justice de classe (lien) ou encore lorsqu'il invite les avocats à exploiter les médias pour influer sur les audiences. L'aura d'un respectable maître, un notable, paré à s'engager pour les causes les plus délicates (Klaus Barbie, mais aussi Carlos, Omar Raddad, etc), ne constitue t-elle pas dans ce cas comme un voile opaque porté sur une idéologie des plus contestables ?

Qui ne connaît Simone Veil (lien) ? Tout le monde connaît la loi dite Veil de 1975, mentionnée dans les manuels d'histoire destinés aux collégiens, légalisant la pratique de l'avortement. Les femmes appelées aux responsabilités ministérielles sont peu nombreuses, il n'est guère difficile de prêter attention à celle-ci. Parce que peu ou prou, dans l'ensemble, on se félicite de la légalisation de l'avortement (à l'exception du pendant « tradi » des chrétiens ), on accorde crédit à la parole de cette femme. Au point qu'elle s'autorise à dire que « Bayrou, c'est le pire de tous [...] une imposture » (lien, AFP, samedi 17 mars 2007, 10h56). Le pire de tous, c'est à dire qu'il est pire que les Olivier Besancenot et autres Jean-Marie Le Pen. Une imposture, c'est l'action de tromper autrui, notamment par de fausses apparences ou en se faisant passer pour un autre. On peut difficilement être plus réprobateur. Au nom de quoi ? Parce que « tout ce qu'il a été capable de faire lorsqu'il était ministre de l'Education nationale, c'est de mettre un million de personnes dans la rue » ? Quel ministère n'a provoqué nulle manifestation ? Que nous parle t-elle de manifestations provoquées par le gouvernement de son propre parti, l'UMP ? Parce que le projet de constituer un gouvernement avec des personnalités issues de tendances diverses « ne repose sur aucune base » ? 50 % d'abstention aux élections, n'est-ce pas une base invitant à se demander si les partis permettent actuellement de créer des gouvernements apportant satisfaction ? L'aura d'une respectable parlementaire, une notable, rescapée du génocide nazi, ne constitue t-elle pas dans ce cas comme un voile opaque porté sur un lutte partisane ?