Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Les bâtons pour se faire battre

samedi III février MMVII

L'Union des organisations islamiques de France (UOIF), sous la houlette de Dalil Boubakeur, le recteur de la grande Mosquée de Paris, sera en procès le 7 février prochain contre la revue Charlie Hebdo. Deux dessins publiés par celle-ci sont « particulièrement visés : celui du prophète de l'islam coiffé d'un turban en forme de bombe, sur lequel figure la profession de foi des musulmans, et un autre le représentant sur un nuage, accueillant des terroristes après leurs attentats, et leur signalant qu'il ne dispose plus de vierges en stock. "Cet amalgame entre les intégristes, les musulmans dans leur ensemble (...) caractérise donc manifestement un propos raciste délibéré, constitutif d'une injure à l'égard d'un groupe de personnes à raison de sa religion", est-il indiqué dans la citation » (lien, Le Figaro, 03 février 2007, 22h00).

À la lecture de ceci, on peut être tenté de rappeler que l'association entre islam et terrorisme découle sans doute plus largement du fait que la plupart des attentats meurtriers commis ces 20 dernières années se revendiquent de l'islam, sans manifestation populaire de musulmans pour les contester (mais au contraire, parfois des manifestations de joie et d'approbation). Je crois en avoir déjà touché un mot quelques milliers de fois, je ne m'étend pas.

Mais Dalil Boubakeur va plus loin, pour lui « Les musulmans sont victimes d'une injustice de traitement », « dénonçant le fait que le droit et la justice sont "un simple rapport de fort à faible, d'ethnies respectées à ethnies humiliées" ». Il s'agit donc pour lui d'une question ethnique. Soit. Lorsqu'on observe l'intérêt suscité par l'incendie ou la dégradation de lieux de cultes chrétiens, il y a de quoi rester dubitatif.

Mieux, il estime important « de faire prendre conscience aux juristes de l'existence d'un islam de France, deuxième religion nationale ». Pourtant, la Justice n'est-elle pas censée être aveugle ? Qu'est-ce que la Justice d'une démocratie laïque peut bien avoir à faire de considérations de cet ordre ? Doit-on avoir une telle conscience ? Monsieur Boukakeur a le tact de parler des « juristes » et non de la Justice, néanmoins c'est bien avec la Justice elle-même qu'il a pris rendez-vous.

Les musulmans ne jouent-ils pas un jeu dangereux à revendiquer l'importance de leur pratique cultuelle, comme si le nombre offrait légitimité ? Les représentants de l'Islam en France me semblent d'une compétence rare s'il s'agit de fournir autrui en bâtons à utiliser contre soi. La religion musulmane n'est pas chez elle en France, la France est une terre d'histoire chrétienne et de présent athée. La revendication très ostentatoire d'un autre culte ne peut que donner une fâcheuse impression de conquête.

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«  4 février, À qui appartient l'irresponsable ?   

    1 février, Comparatisme d'angoisses »

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