L'inventaire des bonnes mesures
dimanche V novembre MMVIComme c'est cocasse. Il y a un an, je croyais que le PS pourrait offrir une candidature intéressante : il y a tant de paris à faire pour la France de demain que l'imagination peut se débrider.
Faut-il vraiment que le PS revienne sur ses mauvaises idées passées ?
Après la police de proximité (lien), il semblerait qu'il faille à présent souffrir l'apologie des emplois-jeunes.
« Les emplois-jeunes, créateurs de CDI », titre le Nouvel Obs (lien). Ainsi « 85 % des jeunes auraient trouvé un emploi dans les 18 mois suivant la fin de leur emploi-jeune ». En effet, ça impressionne. Même si on peut se dire que 18 mois, c'est long.
Plus loin, on apprend en fait que « Plus de six jeunes sur dix (63 %) sont restés chez le même employeur à l'issue de leur emploi-jeune », précisant « près des trois quarts dans les établissements publics, plus des deux tiers dans les collectivités territoriales, un peu plus de la moitié dans les associations ». Là, d'un coup soudain, c'est tout de suite moins grandiose : pour 63 % des cas, le pourvoyeur d'emploi est scrupuleusement le même que celui ayant pourvu l'emploi-jeune...
L'article du Nouvel Obs oublie un autre chiffre, pourtant très intéressant, donné par maire-info : « 23 % des emplois jeunes ont été maintenus sur leur poste emploi-jeune grâce à une aide supplémentaire de trois ans en vue de sa pérennisation » (lien). On peut espérer que ces 23 % ne sont pas comptés dans les 85 % cités plus haut, sinon je vous laisse interpréter ce que sont ces 85 %.
(A ce stade, dans la foulée, on est contraint de constater que maire-info précise que « 61 % sont restés chez leur employeur sur un contrat de droit commun ou en stage ». On peut vérifier dans le document officiel (lien), on trouvera effectivement les deux chiffres, 61 % et 63 %, désignant tous deux ceux qui « sont restés chez leur employeur ». Passons)
On apprend aussi que « l'expérience a cependant été un atout pour une nouvelle situation professionnelle, affirme l'étude », qui semble très militante, car « pendant leur emploi-jeune, six jeunes sur dix ont préparé un diplôme ou un concours d'entrée de la fonction publique ou d'une entreprise publique et 37 % l'ont obtenu ». 37 % de 60 % : 22 %, pas de quoi pavoiser.
Concluons. La plupart des emplois « crées » dont il est question sont du ressort de la fonction publique ou territoriale. Les recrutements en la matière dépendent des politiques menées. Ce n'est pas le fait qu'un individu ait un emploi-jeune ou pas qui fondent ces politiques. C'est donc parfaitement erroné de parler de création d'emploi dans ces circonstances. Par ailleurs, quand on parle des « personnes sorties à la mi-2004 d'un emploi-jeune » et qu'on se félicite que ces personnes aient trouvé un emploi, peut-on affirmer que c'est grâce à l'emploi-jeune ou tout simplement au marché de l'emploi au moment de leur sortie ?