Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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samedi XXX septembre MMVI

L'actualité ne semble pas vouloir me laisser au repos, comme si elle était une perpétuelle invitation à l'indignation.

Je ne dirais rien sur l'affaire Robert Redeker, Philippe Bilger a dit l'essentiel (lien).

Non, je vais évoquer une affaire d'une importance secondaire par comparaison : le procès des homosexuels mariés illégalement par le maire de Bègles, Noël Mamère.

Je ne dirais rien sur ce maire, j'ai déjà dit tout le dédain que je place à son endroit (lien).

Je ne sais pas si, à ce mariage, le mariée était en noir, en blanc ou en rose fluo, mais apparemment le costume en valait la peine (si je puis dire). Car les ex-mariés sont désormais au tribunal correctionnel prévenus d'avoir escroqué la vieille dame qui les hébergeait gracieusement en falsifiant ses chèques (également d'avoir escroqué la caisse d'allocation familiale en prétendant payer un loyer).

Je ne suis pas tout à fait convaincu que tout ce remue-ménage puisse avoir un impact positif sur les droits des homosexuels.

Mais admettons.

Ce qui me surprend, ce ne sont pas les méfaits de ces individus, c'est le propos du procureur de la République Frédéric Clot : « sur l'image de leur notoriété, ils se sont crus tout permis. Les droits des minorités sexuelles ne doivent pas s'exprimer à l'insu d'autres minorités, les personnes âgées » (lien).

Je dois dire qu'il me semble n'avoir jamais entendu auparavant de propos aussi douteux de la bouche d'un procureur de la République.

En quoi « les droits des minorités sexuelles » sont-ils à l'ordre du jour au tribunal correctionnel ? Le code pénal, la loi de la République, ne connaît pas de droits spécifiques à des « minorités » qui elles même n'existent pas au yeux de la République.

De même, en quoi importe t-il de remarquer, au moment où l'on doit appuyer le fait que l'infraction est constituée, qu'une escroquerie se fait « à l'insu d'autres minorités » ? Qu'un ciblage précis lors de la commission d'une infraction puisse être facteur d'aggravation de la peine encourue en fonction des dangers sociaux à réguler s'entend (ainsi, il est judicieux d'accroître la répression lorsqu'un escroc cible une personne qu'il sait vulnérable, de sorte à protéger les plus démunis face à ce type d'infractions). Mais ce ciblage n'est pas élément constitutif de l'infraction, il est hors-sujet tant qu'il ne s'agit pas de demander un aggravation de la peine envisagée normalement.

Ainsi, je trouve extrêmement fâcheux que de tels propos, niant le concept d'indivisibilité de la République, figurent dans le réquisitoire d'un procureur de la République, ces propos qui au sens strict : impliquent d'associer une escroquerie à « l'expression des droits d'une minorité » ; suggèrent que cette escroquerie ne prend une tournure condamnable que par ce qu'elle heurterait les droits d'une « autre minorité ».

Ces propos sont si inopportuns que je n'envisage pas qu'il puisse s'agir d'autre chose que d'un malentendu. Certains devraient faire preuve de plus de rigueur, notamment lors de procès à fort impact médiatique, lorsque la parole est censée être celle de la Nation. À moins que ce ne soit là le résultat d'un journaliste n'ayant jamais appris à faire une citation correcte - cas de figure que je ne peux exclure.

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«  1 octobre, C'est la foire où pour trois sous...   

   29 septembre, Pas de petit profit »

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