De bonnes idées
lundi XXV septembre MMVIUne fois n'est pas coutume, et ne sera pas tradition, au lieu de débusquer ce qui m'agace souvent, j'ai envie d'aborder deux bonnes idées qui m'ont surpris ces deux derniers jours.
La première bonne idée vient d'une dénommée Anthropia sur le blog des chroniqueurs d'Arrêt Sur Image. Cette dernière évoque l'expérience d'une amie à elle fonctionnaire au Brésil : « les fonctionnaires rendent compte de leur action. J'ai une amie, prof de maternologie à la fac de médecine de Belo Horizonte [...], qui a dû rentrer précipitamment, il y a deux ans, pour faire son rapport d'évaluation. Elle devait expliquer en répondant à des centaines de questions dans quel but, comment, pourquoi, avec quels résultats, elle avait travaillé avec ses étudiants. C'était la grande lessive, tous les fonctionnaires ont dû expliquer leur utilité sociale. Et j'ai trouvé pas mal que sur cette base d'auto-déclaratif, c'est-à-dire sans fliquer, puisque chacun était libre de présenter son activité, on tente de recentrer l'action et les budgets sur ce qui vaut vraiment la peine. Et pour ceux qui ont des doutes sur ces auto-déclaratifs, il n'y a qu'à regarder en France les résultats des nouvelles méthodes de validation des acquis de l'expérience, où des professionnels non diplômés passent devant des jurys pour détailler les compétences et les expériences qu'ils ont acquises, afin de faire valider leur savoir-faire par un diplôme d'état. Ce qu'on constate, c'est que les validations fonctionnent bien, qu'on peut s'appuyer sur les dires des gens pour savoir ce qui va et ce qui ne va pas dans leur pratique. Car quand on creuse, ce qui résiste, c'est le réel, le concret, le solide. Tout ce qui est bidon se délite. Ils peuvent ainsi obtenir quelques modules ou tout d'un diplôme et ont ensuite cinq années pour enrichir leur expérience et obtenir le reste du diplôme s'il en manque. Au lieu d'inventer comme en France la LOLF, usine à gaz d'évaluation, qui va transformer en jeu national du planquage la mise à plat des politiques publiques, on aurait mieux fait de demander aux fonctionnaires eux-mêmes ce qui n'allait pas dans leur pratique et dans celle de leurs services, à condition que la règle du jeu soit claire : on ne sanctionne pas les individus et on ajuste les politiques publiques » (lien).
Il n'y a pas de doute : demander aux fonctionnaires leur avis, voilà une bonne idée, plutôt que de parler de tailler le bout de gras du dos mammouths et de serrer des ceintures. De plus, à l'heure d'internet, il est possible de mettre en place un questionnaire avec un coût risible. Pas besoin de découper un bout d'amazonie pour cela.
Si j'ai été surpris par la venue de cette bonne idée, c'est que la même Anthropia déclarait par ailleurs, apparemment très sure d'elle, que les fonctionnaires de police en Bac sont en général d'anciens qui ont fait l'Algérie. Le propos est évidemment absurde. Les fonctionnaires de police en Bac ne sont pas des grabataires, ce n'est pas tout à fait une branche pour les pré-retraités (2006 - 1962 = ?). Et je n'ose même pas imaginer le sens profond de cette confusion.
L'autre bonne surprise vient de Serge Dassault, au Sénat, à propos de la délinquance des mineurs : « "Abaisser l'âge de la prison pour les mineurs n'est pas une solution, explique-t-il, tout simplement parce que l'avenir professionnel d'un jeune de 18 ans qui a déjà un casier judiciaire est de toute façon très compromis. Mieux vaudrait les empêcher de devenir délinquants, en leur interdisant de rester inactifs tant qu'ils n'ont pas atteint l'âge de la responsabilité pénale". [...]. Il propose donc d'y remédier en imposant deux types d'obligation, l'une aux mineurs, l'autre aux patrons. Les premiers étant contraints de suivre une formation jusqu'à 18 ans, et les seconds contraints de la leur fournir » (lien).
Voilà en effet une alternative à l'emprisonnement qui semble autant donner que demander ; à condition bien entendu que la répercussion ne soit pas des suppressions d'emploi massives concernant les majeurs. Je ne suis pas surpris que « même la gauche a applaudi », je m'en félicite. Il serait bon qu'une union sacrée déclare la guerre à la délinquance des mineurs. Je ne sais pas quelle est la faisabilité d'une telle proposition, je me doute que l'emphase du journaliste n'est pas forcément sans lien avec le fait que Dassault est propriétaire du journal où il officie. Mais tout de même, voilà qui mérite qu'on s'y arrête.
Évidemment, cela m'étonne, car c'est le même Serge Dassault qui vend de l'armement partout dans le monde et qui fut notamment condamné pour corruption par une juridiction Belge (lien).
Une monde sans surprises serait déprimant. Merci donc à Antrophia et Serge Dassault pour leur contribution généreuse.