Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Tremblez d'avoir peur !

vendredi XXV août MMVI

La peur est un sentiment. Un fort sentiment qui parfois semble annihiler la réflexion, l'intelligence. Affolement, angoisse, appréhension, aversion, cauchemar, couardise, crainte, effroi, épouvante, foire, frayeur, frisson, frousse, hantise, horreur, inquiétude, lâcheté, malepeur, panique, pétoche, phobie, pleutrerie, poltronnerie, pusillanimité, répugnance, répulsion, saisissement, souleur, spectre, stupéfaction, terreur, timidité, trac, transe, trouble, trouille, venette, vertige, voilà la peur, le fond de commerce des préjugés. Tremblez d'avoir peur, tremblez d'oser la méfiance !

C'est ce que nous dit en substance Jean-Pierre Raffarin : « N'ayons pas peur de la Chine ! », clame t-il dans le Figaro (lien).

Voilà qui est rassurant, me dis-je, sans doute allons-nous apprendre qu'il existe des bonnes raisons de penser que la Chine n'est pas la synthèse des défauts du totalitarisme communiste et de ceux de l'ultralibéralisme économique, sans doute allons-nous apprendre que la Chine va cesser d'être une dictature immonde, qu'en Chine l'argent n'est pas en passe de devenir le maître-mot de l'oppression du peuple.

Raffarin, homme politique du courant d'Alain Madelin, nous apprend donc qu' « un diagnostic lucide de la réalité chinoise s'articule autour de cinq questions : les limites de la croissance, l'identité culturelle, le potentiel de création, les ambitions internationales et la relation avec l'Europe ».

Pas un mot dans cette tribune ne sera prononcé sur la nature du régime Chinois, pas un mot n'évoquera ce que la devise de notre Nation, Liberté, Égalité, Fraternité, pourrait signifier dans la réalité chinoise. Non, la conclusion de Raffarin est la suivante : « J'ai pu mesurer la réalité de l'amitié franco-chinoise. Cette amitié ancienne est utile au monde. Elle permet la franchise, c'est-à-dire l'équilibre des échanges. La peur serait inamicale et absurde ».

J'ai bien peur de vouloir être inamical et absurde ! J'ai bien peur d'être suffisamment froussard pour penser que la Chine ne sera jamais un pays ami d'une démocratie occidentale, sauf à ce que cette démocratie se renie pleinement par une amitié contre-nature, bafouant ses valeurs constitutives. Je ne crois pas au « nouveau dialogue civilisationnel capable d'écarter les risques et les excès » s'il signifie se coucher devant l'autel hyper-relativiste au point d'estimer accepter un totalitarisme, comme s'il ne s'agissait que d' « incompréhensions culturelles ». Je veux bien être peureux, si c'est par ce terme péjoratif qu'il faut désormais nommer la prudence. Je veux bien être pleutre, si c'est par ce terme péjoratif qu'il faut à présent nommer ceux qui refusent l'emploi du mot culture pour justifier ce qui ne trouve aucune autre justification.

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« 28 août, La démocratie à l'épreuve à Bordeaux   

   23 août, Un splendide isolement »

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