Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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L'UE, un koinon anti-civique ?

vendredi X mars MMVI

Que peut-on lire à propos de l'Europe ces temps-ci ? On peut lire le commissaire européen chargé du Marché intérieur et des Services, Charlie McCreevy, déclarer que les tentatives de blocage d'OPA étrangères à l'encontre d'entreprises nationales par des États européens sont illégales et discriminatoires (« State efforts to protect firms from foreign takeovers are illegal, EU commissioner Charlie McCreevy has said. [...] Mr McCreevy said so-called economic patriotism - the subject of a simmering row in Europe - was discriminatory and incompatible with European law. », lien).

Qu'il soit discriminatoire, cela ne fait aucun doute, par définition le patriotisme discrimine entre ce qui est de la patrie et ce qui n'en est pas. Que cela soit illégal, c'est le produit de lois européennes qui n'ont jamais été débattues en France - c'est ponctuel et démocratiquement mal assis.

Mal assis puisque, apparemment, même les grands partisans de la construction européenne telle quelle se produit ne semblent pas s'y être résolus : ni le Gouvernement Villepin, comme le montre l'affaire GDF/Suez évoquée par McCreevy, ni même Tony Blair pointé du doigt, en ce moment même, en son royaume, pour avoir osé accorder un prêt en pure perte à MG Rover en pourparlers de rachat par un concurrent asiatique. Certes, Tony Blair lui essayait de faire racheter MG Rover par une structure étrangère, et non de la conserver en son giron. Néanmoins, son argumentaire est tout à fait de l'ordre du patriotisme économique : « personne n'aurait pardonné » à son Gouvernement de ne pas tout faire pour sauver un maximum d'emplois (« But Mr Blair said "no-one would have forgiven" the government if it had not tried to save as many jobs as possible », lien). Qui est le personne qui interesse Blair ? La population de son pays, celle qui le mandate, évidemment !

Alors est-il honteux que des individus censés ne représenter personne sinon une Nation, et donc des intérêts nationaux, décident de politiques privilégiant de tels intérêts ? Non, pas pour un démocrate au yeux de qui un élu représente un corps civique. Mais assurément oui pour les commissaires européens, dont on ne peut comprendre d'où exactement ils tirent leur légitimité, sinon d'une profession de foi en un marché dépourvu de régulations sociales.

Mise-à-jour : je n'évoque évidemment pas la sincérité de ces élus, qui dans un cas profitent de la manoeuvre pour poursuivre la politique de privatisation des entreprises publiques rentables, dans l'autre profitent de délais commodes en amont de périodes d'élections.

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« 11 mars, Si les chiffres le disent...   

    8 mars, De la cohérence des témoignages »

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