Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Google et la bourse

jeudi II mars MMVI

« Google trouve les limites d'une communication négligée avec Wall Street » titre une dépêche AFP du jour. « Au niveau de ventes désormais atteint (le chiffre d'affaires a bondi de 92% en 2005) il sera "difficile de maintenir nos taux de croissance exprimés en pourcentage", a indiqué le groupe [Google] dans un communiqué mardi soir » causant la disparition « en fumée, en une séance, [de] plus de 8 milliards de dollars de capitalisation boursière ».

Il est reproché à Google de ne pas se « plier aux pratiques en vigueur en terme de communication avec les analystes financiers ». Et par conséquent, « selon de nombreux analystes, les déclarations de M. Reyes ont été mal interprétées ou en tout cas ont suscité "une réaction exagérée" des investisseurs mardi ». Les « actionnaires [...] "sont particulièrement émotifs" », nous dit-on. Google fait des « faux-pas » et à l'avenir « il s'agira de faire oublier les propos fâcheux du PDG Eric Schmidt, qui déclarait récemment dans la presse que Google se préoccupait davantage de satisfaire ses usagers plutôt que d'apporter "de la valeur à long terme à ses actionnaires" ».

Ils sont bien tatillons ces actionnaires. Les pauvres, ils capitalisent gentiment et, paf, ça leur tombe sur le coin de la figure, on leur fait peur. On croirait presque que les actionnaires sont là pour financer des entreprises ! Quand on leur annonce qu'il n'y aura plus de croissance mirifique mais une stabilisation des activités, qui apparaissent florissantes, la chose est inconvenante. Car quel est l'intérêt pour l'actionnaire de laisser son argent dormir « capitalisé » dans une action qui n'évolue plus particulièrement ? Aucun. Non, pour que rapporte du fric, il faut qu'il y ait croissance. Et idéalement, il faut vendre avant que ça chute, racheter après la chute et revendre quand ça culmine à nouveau. Ce n'est point affaire de sensiblerie que de s'inquiéter de la fin de la période de croissance : si on est au point culminant, il faut vendre ! Ce qui fait naturellement... chuter l'action, « partir en fumée » de la bonne « capitalisation boursière » bien propre sur elle.

C'est un système comme un autre. Toutefois, à titre personnel, je pense que ces actionnaires sont des inutiles pour la société, dans la mesure où leur activité propre en tant qu'actionnaire ne crée rien. Toutefois, à titre personnel, je pense même que ces actionnaires sont des nuisibles pour la société, car l'exigence de croissance systématique qu'ils font penser sur les entreprises impose de toujours produire plus et de manière plus rentable au dépends évident de l'humain, en particulier lorsqu'il est le dernier levier d'action disponible.

Avez-vous vu « Le sucre » (1978) ?

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«  3 mars, Le juge d'instruction et la réquisition de non-informer   

    1 mars, On vit avec son temps »

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