Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Corriger la correctionnelle ?

vendredi XX janvier MMVI

« SAINT-ETIENNE (AP) - ­ Un homme de 48 ans qui avait fait subir un examen gynécologique à une étudiante en médecine en se faisant passer pour un gynécologue a été condamné jeudi soir à cinq ans de prison, dont un avec sursis, par le tribunal correctionnel de Saint-Etienne (Loire).

L'homme qui avait déjà été condamné à trois ans de prison ferme en 1992 pour des faits similaires avait passé une annonce sur Internet indiquant qu'il recherchait une baby-sitter.

[...]

Cet ex-chauffeur routier, qui a baigné dans le milieu médical après avoir subi un grave accident, décrit comme "habile et persuasif" par la partie civile, disposait en outre du vocabulaire et du matériel du parfait médecin.

Reconnu coupable d'agression sexuelle par surprise dans ce dossier de viol qui a été correctionnalisé, ce récidiviste a déclaré avoir agi ainsi "pour voir une fille". Il a aussi été condamné à une obligation de soins. »

Dans deux ans (en tenant compte des remises de peine automatiques), à 50 ans, ce violeur multirécidiviste, « habile et persuasif », sera à nouveau sur la voie publique. Espérons que le ministère public et la partie civile auront eut raison de faire des économies en correctionnalisant cette affaire et qu'on ne retrouvera pas ce monsieur aux Assises dès 2009. Espérons que les soins obligatoires soient d'un effet miraculeux.

En étant optimiste, on pourrait se dire que si sa condamnation n'est que de cinq ans, c'est que la cour a eut l'impression que cet individu peut se réinsérer dans les années à venir. En étant moins optimiste, on souvient que 5 ans est la peine maximale encourue pour une agression sexuelle, que la cour ne pouvait aller au delà.

Le 12 janvier, je parlais de l'affaire Bodein, de la légèreté de la gestion de la libération conditionnelle d'un homme théoriquement condamné à 60 ans ferme (abstraction faite du mécanisme de confusion des peines). J'aimerais croire que les praticiens de la Justice qui traitent ce genre d'affaires criminelles déguisées en délits sont conscients qu'ils devraient en réalité se sentir comptable des crimes à venir, si crime il y a.

J'aimerais croire que ces affaires sont prises au sérieux. J'aimerais croire qu'on ne va pas encore d'ici quelques années découvrir un « monstre » qui ne sera qu'un type de plus avec des problèmes graves qu'on aura fréquemment minoré et ignoré, qu'on aura laissé à lui-même en attendant le jour où il aura massacré suffisamment de vies pour que la moitié de la population ne fasse que souhaiter sa mort, et qu'on ose encore raconter qu'on ne pouvait pas prévoir. J'aimerais croire que ce type là sera aidé et suivi réellement, et pas livré à la lui-même avec un suivi judiciaire qui suit tellement bien qu'il n'empêche pas la commission de crimes à répétition (exemple : cas Bodein, une fois de plus).

La Justice ne peut pas tout. Elle ne peut pas, ne doit pas, être derrière chaque homme. Elle ne pourra jamais empêcher que des crimes soient commis, parce que l'homme reste imprévisible. Mais, tout de même, on sait qu'il y a des individus qui commettent des actes à fort risques de récidive, pour de multiples raisons. Et si on en est pas sur, dès lorsqu'il y a une première récidive légale, comme c'est le cas ici, on doit en devenir convaincu. Dans un tel cas de figure, qui est le cas de figure du jour, comment ne pas s'avérer dubitatif en ayant l'impression que la Justice joue à la loterie ?

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« 21 janvier, Une fois n'est pas coutume   

   19 janvier, Démocratie représentative ou oligarchie directive ? »

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