Répression et prévention, quand la prévention est perçue comme répression
mercredi XV juin MMVCe soir, sur France 2, l'émission « Ça se discute » traite de cas de personnes accusées « à tort » (dans certains cas, il s'agit d'affaires ayant la force de chose jugée, étant passées deux fois aux Assises) d'avoir commis un crime.
Parmi les cas présentés se trouve celui, qui me semble représentatif de l'esprit des propos tenus dans cette émission jusque là, de parents accusés de maltraiter leurs enfants du fait des multiples fractures constatés sur un de leurs enfants en bas-âge. Il sera découvert, plus tard, que l'enfant souffre la maladie des os de verre.
Il est certain qu'il n'est pas gai que le mal dont est affligé cet enfant ait été découvert dans le cadre d'une procédure à l'encontre des parents.
Mais que dire de ce plateau de télé où l'on s'étonne que des médecins, aux urgences, ayant vu l'enfant aient été suspicieux et aient choisi de le signaler ? Ce même plateau de télé ne serait-il pas le premier à disserter pendant trois heures sur les errances du système social si ces mêmes médecins avaient omis de signaler un cas similaire qui s'était avéré par la suite être un authentique cas de maltraitance ?
Après Outreau, il est chic de se focaliser sur les disgracieux agents de l'État qui osent être suspicieux, faire des signalement, lorsqu'ils sont confrontés à des situations qui troublent l'honnête homme. Et dans la foulée, à Angers, il est de bon goût de s'étonner que les services sociaux n'aient pas été plus suspicieux et prompts à faire des signalement lorsqu'il s'agissait de repérer un réseau de prostitution pédophile.
S'il est dommage mais peu surprenant que les premiers concernés manquent de recul, n'est-il pas épatant que sur France 2, le mercredi soir, à 23h05, il n'y ait personne pour inciter à une prise de recul des plus minimes ?
Enfin, il semblerait que les médias aiment jouer au yoyo, à nous servir d'abord une soupe sur les crimes que la justice et ses auxiliaires n'a pas su voir à temps, à nous servir ensuite une soupe sur les crimes que la justice et ses auxiliaires ont soupçonné d'avoir été commis à tort. Il semble que nous sommes dans la seconde phase, ce qui explique qu'il soit de bon goût qu'un ministre de la Justice fraîchement débarqué annonce qu'il va faire plaisir aux avocats en limitant les limites qui évitent que ces derniers constituent des entraves à aux instructions judiciaires...
Et dans le fond, est-ce que tout ça n'occulte pas certains problèmes actuels plus simples en ce qu'ils sont avant tout pécuniers, tel le manque de personnel d'un certain nombre de services sociaux (de l'assistance sociale à la justice - espérons que le nouveau gouvernement tienne sa parole en ce qui concerne l'embauche de fonctionnaires pour l'année à venir) ne pouvant donc pas consacrer trop de temps à chaque cas, ou encore tel le problème de la (non-)exécution des peines pointé par un rapport parlementaire rendu public aujourd'hui même ?