Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Erreur de jugement

vendredi XXV février MMV

Ça y est, monsieur Gaymard, grand pourfendeur des dépenses publiques, a démissionné, en conséquence des révélations concernant, entre autres, son logement à 15000 euros par mois aux frais de l'État.

Naturellement, certains s'empressent de jouer à l'avocat du diable : c'est un coup politique, nous dit-on, il ne s'est pas vraiment rendu compte, son cas n'est pas à part.

Que ce soit un coup politique, ou politicien devrions-nous dire plus justement, on s'en moque : ça n'atténue en rien la gravité des faits. D'ailleurs, je m'interroge sur l'absence de qualification judiciaire concernant ces faits. Comment l'emploi de deniers publics se justifie t-il ici ?

Est-il possible de ne pas se rendre compte des coûts de location d'un 600 m² dans un quartier huppé d'une des villes aux loyers les plus élevés d'Europe ? Je n'y crois pas. Monsieur Gaymard a t-il choisi ce logement sur coup de tête ? Le fait d'avoir fait payer à l'État des travaux de 150000 euros consistant à casser une dalle séparant les deux étages du duplex dément cette hypothèse.

Il ne fait aucun doute que son cas n'est pas à part. Toutefois, la particularité de son cas, c'est la concomitance des faits avec des déclarations particulièrement vindicatives à l'égard des dépenses publiques, justifiant des réductions de budget décidées par son gouvernement s'appliquant aux conditions de travail (et non pas à des avantages en nature) des fonctionnaires. Par ailleurs, les erreurs des autres n'excusent rien. La connerie a beau être commune, elle n'en est pas plus souhaitable.

Monsieur Gaymard ne méritait pas la charge de ministre pour défaut d'honnêteté. À l'affaire du logement proprement dite s'ajoutent les déclarations depuis battues en brèche du même homme : il serait humble, vivrait humblement, n'aurait pas d'appartement à Paris parce que n'étant pas un « grand bourgeoise ; on sait (source : BBC, Le Monde, Libération) maintenant qu'il possède deux appartements hors de Paris et un appartement luxueux à Paris (loué 2300 euros par mois), paye l'impôt sur les grandes fortunes.

Une question reste ouverte : combien d'autres sont dans son cas ? Les citoyens français peuvent-ils accéder aux chiffres exacts des dépenses engagées au profit des hauts fonctionnaires ? Et si au lieu de montrer du doigt les vilains fonctionnaires coupables de dépenses publiques, au lieu d'affirmer un besoin de réduire les dépenses publiques, une politique de transparence concrète voyait le jour ? À l'heure d'internet, ce n'est pas véritablement une chose difficile à réaliser.

Les citoyens seraient peut-être moins hostiles aux impôts s'ils savaient ce qu'ils deviennent. Bien entendu, les « frais de représentation » ainsi dévoilés auraient plus de mal à rester intouchables par les restrictions budgétaires. Ainsi, on en revient au problème habituel : ceux qui ont les pouvoirs de changer les choses sont les bénéficiaires direct du statu quo. Il ne reste donc plus qu'a attendre que ce problème boursoufle au point qu'il ne soit plus tenable de le dissimuler et de se contenter de la démission d'un ministre une fois de temps à autres, ministre qu'on reverra plus tard de toute façon.

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