Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Maculée conception

dimanche XII décembre MMIV

L'AP (dimanche 12 décembre 2004, 15h00) évoque aujourd'hui la possibilité de la mise-en-place d'un bracelet électronique mobile pour les « délinquants sexuels les plus dangereux, une fois leur peine purgée ».

Pour le Syndicat des avocats de France « c'est "la fin du droit à l'oubli" » pouvons-nous lire. Il est vrai qu'une telle décision mettrait à mal l'idée que purger une peine après une condamnation ôte toute macule - or c'est ainsi que notre système pénal fonctionne. Tel l'esclave du monde romain sur qui reste la macula après l'affranchissement (droit de vote et inéligibilité à vie), la trace de la condamnation resterait à vie, ou presque.

Or, il faut reconnaître que certains individus, condamnés lourdement, se sont parfaitement réinsérés après-coup. Je n'ai pas pris de notes, je ne saurais vous donner plus de détails ; mais en Novembre, sur France Culture, il était possible d'entendre un tel homme - au parcours plutôt inhabituel, probablement -, étant devenu lui-même haut magistrat après avoir été condamné aux assises suite à une bétise de jeunesse (Note du 2 juin 2006 : Peut-être s'agissait-il, en fait, non pas d'un magistrat mais d'un avocat lien auquel le monde avocat refuse le droit d'exercer lien). De manière plus abstraite, il parait positif de laisser aux auteurs d'actes délictueux la possibilité de payer, définitivement, leur dette envers la société... et de redevenir des citoyens anonymes.

Mais en étant concret, on ne peut ignorer le problème des récidives. En particulier lorsqu'il est question de délinquants sexuels, individus aux facultés mentales, au sens commun, discutables. Dans un tout autre registre, on peut s'interroger sur le fait que des individus déjà condamnés pour corruption soient admis à des postes public à responsabilités, qu'ils soit mandatés par la société pour la diriger.

Certes, de manière abstraite, de tels bracelets, ou des condamnations à une inéligibilité à vie peuvent paraître sembler être des sanctions immodérées. Mais avant de nous laisser aller aux réflexions abstraites, ne devons-nous point tenir compte du concret ? Et, pour démonter ma propre analogie ci-dessus, cette nouvelle macula ne serait-elle pas le fruit d'une décision d'un système judiciaire que nous estimons comme positif, au contraire de la macula de l'affranchi romain, génante dans le fond surtout parce que reposante sur un esclavagisme systématisé ? Peut-on réclamer un authentique droit à l'oubli dans tout les cas ? Pouvons-nous tout oublier ? Le devons-nous ?

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   24 novembre, Je préfère le vélomoteur »

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