Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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La Seine-Saint-Denis ou le laboratoire de la France à deux vitesses ?

lundi XIV janvier MMVIII

À de nombreux égards, ce département donne l'impression d'une France à deux vitesses, celle d'un département qui n'irait pas à la même allure que les autres départements français.

Entrons dans le vif du sujet et soulignons que l'économie de ce département est florissante, contrairement à ce que l'on pourrait penser. Ainsi, « le PIB de la Seine-Saint-Denis s'élevait en 2000 à 32,350 Milliards d'Euros [...] Le revenu moyen des ménages s'élève selon l'INSEE en 2004 à 15 175 euros/an alors que la moyenne nationale s'élève à 15 027 euros/an ». Mais ce département semble à la traîne, notamment au regard de son fort taux de chômage, son taux de mortalité infantile (la plus élevée de France), des problèmes d'assimilation des populations variées qui s'y trouvent (département de France comptant le plus d'immigrés, la plupart des nationalités envisageables étant représentées, et parfois en communautés quasi-majoritaires - la deuxième ville du Monde en terme de population malienne s'y trouve) et, bien évidemment, de la criminalité qui y est galopante (en moyenne un ou plusieurs vols à main armée par jour aux alentours de noël, alors que le vol à main armée est un évènement exceptionnel hors de la région parisienne). Bref, pour les Séquano-Dionysiens, l'image négative du « neuf trois », du « neuf cube », est à la fois une réalité et une simplification dissimulant les disparités présentes (lien). Finalement, seule la Nation, via ses institutions, offre une forme de stabilité dans le temps et, en théorie, dans le comportement.

Et, ce jour, l'actuelle ministre de l'Intérieur nous déclare la « Seine-Saint-Denis doit être un laboratoire d'excellence » (lien). Laboratoire, ce département l'est déjà. Un laboratoire dans lequel les autochtones servent de souris, qu'on gave par ci d'insécurité, de laxisme par là, de déconsidération généralisée par là-bas, etc. Mais au lieu d'insuffler un regain d'égalité de droit, on s'apprête, semblerait-il, une fois encore, à donner dans le deux poids deux mesures.

Ainsi, la ministre précise qu'elle « trouve anormal qu'il n'y ait pas davantage d'officiers et de commissaires de police issus des quartiers ». Vocabulaire étonnant : existe t-il des citoyens en Français qui ne soient pas issus de quartiers ? N'habitons-nous pas tous dans un quartier, ou faut-il déduire que le terme quartier aurait un nouveau sens qu'on se refuse à expliciter ? Mais, outre ce détail purement lexical, qu'est-ce que signifie cette contestation d'un membre du Gouvernement des critères de sélections des fonctionnaires ? Est-ce à dire que pour le Gouvernement, les concours de la fonction publique, qui assurent l'égalité entre tous les citoyens, sont à supprimer ? Est-ce cela, le laboratoire promis, la suppression de la sélection au mérite égalitaire ? La ministre ajoute vouloir « aller vers un concours régionalisé [pour l'ensemble des fonctionnaires de police]. Ainsi, les candidats postuleront pour la région parisienne, et auront vocation à y rester entre huit et dix ans. Ils auront naturellement des contreparties ». Un concours régionalisé, est-ce à dire que très concrètement, le niveau des reçus sur l'ensemble du pays sera fluctuant selon les départements ? Y aura t-il des concours au rabais, se superposant aux concours dits déconcentrés ?

Et « quelles seront ces contreparties » pour les bénéficiaires de ces concours ? La ministre dit qu'« en travaillant dans des quartiers difficiles, les policiers acquièrent une qualification particulière qui doit être reconnue. Je pense par exemple à des promotions plus rapides Nous mettrons aussi en place des mesures, en liaison avec les communes, pour faciliter leur vie quotidienne : logement, garde d'enfants... ». Étonnante réponse, des contreparties qui sembleraient légitimes pour l'ensemble des fonctionnaires, policiers ou pas, travaillant dans des quartiers difficiles sont évoquées à propos de ceux qui passeraient un concours qui ne serait plus d'envergure nationale. En plus d'avoir un département à deux vitesses dans un pays à deux vitesses, y trouverons nous des institutions à deux vitesses avec des statut inégaux entre fonctionnaires ?

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« 22 janvier, Situation irrégulière régulée   

    9 janvier, La charge est lourde mais peu précise ; un éléphant, ça (se) trompe énormément ? »

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