Papiers gras et fermeté, l'art de la correction
vendredi XXII juin MMVIIHier soir, j'ai eu la joie et le bonheur d'assister au prononcé des peines d'une pléthore d'individus prévenus de faits d'escroquerie, en audience correctionnelle.
Je ne ferais aucun commentaire sur les peines prononcées, la juridiction étant souveraine ; même s'il était dur de ne pas remarquer les exubérants sourires des prévenus.
Notre Garde des Sceaux « s'est engagée vendredi en faveur d'une justice à la fois "ferme" et "humaine" » (lien). Est-ce à dire que désormais, on ne tolérera plus que les prévenus condamnés, mais sans peine ferme à purger, quittent le tribunal en laissant papiers gras et autres détritus sur les bancs, manifestation nette du respect qu'ils entendent vouer à la société à l'avenir ?
Je crains que non. Notre société serait-elle devenue si consumériste et si abstraite que même le fait délinquant se consomme comme réglé par un contrat commercial ? Peut-on dicter à un jeune mineur ayant cru classieux de tagguer « machin en force » sur les murs d'une église de prendre un seau, un brosse, et d'effacer son forfait ? Et non, sacrilège, ce serait du travail forcé, proscrit par notre droit européen si humain ; mieux vaut, n'est-ce pas, une admonestation, abstraite sanction. Dans ces conditions, que demander aux consommateurs des juridictions répressives qui, sur les bancs de l'école il y a peu, ont appris que dans une société où existent des femmes de ménage, il est du bon privilège du client, du roi donc, de salir.
(PS : « Première Garde des sceaux issue de l'immigration maghrébine, Rachida Dati a plaidé en faveur d'une justice "qui ressemble à la France d'aujourd'hui, dans toute sa diversité" » ; moi qui croyait la Justice aveugle, je dois être d'arrière-garde)