Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Le déclin et sa fin

jeudi XXVI janvier MMVI

Sur lien se trouve un sondage intitulé « La France va-t-elle au déclin ou est-elle en mesure de l'éviter ? ».

Les résultats actuels (donc temporaires) de ce sondage me font littéralement frémir.

On apprend que « Si l'on considère que la France comme puissance mondiale est en déclin », son origine est due « Au développement de la mondialisation » (40 % ; la proposition suivante n'atteint que 14 %). C'est plutôt mon avis à moi aussi.

On lit plus loin que « pour obtenir une diminution significative et durable du chômage en France », « il faut aller vers une plus grande flexibilité du marché du travail » (54 %, la solution antonyme n'atteint que 40 %). Ah. Ça calme, d'un coup. La France doit, un peu plus loin, « s'ouvrir davantage au monde d'aujourd'hui » (55 %, la solution antonyme n'atteint que 21 %).

Quand aux « principaux handicaps de la France », on lit que sont « le poids de la dette [publique] » (45 %) et « le nombre trop élevé de fonctionnaires » (39 %). Il faut « remettre profondément en cause [...] sa politique d'éducation » (75 %). Il faut aussi et surtout « remettre profondément en cause [...] le montant des impôts » (68 %). D'ailleurs, pour 44 %, il est normal que « des personnalités françaises s'installent dans des pays voisins (Suisse, Belgique, Angleterre, etc.) pour payer moins d'impôts » (51 % seulement trouvent cela choquant).

En somme « le modèle social français » est « maintenant dépassé, il faut le revoir presque complètement » (53 % contre 40 %).

Et bien entendu, la personne à qui l'on fait « le plus confiance pour lutter contre le risque de déclin de la France » est... Nicolas Sarkozy (30 %, suivi par Ségolène Royal à... 10 %).

Par ailleurs, s'il parait acceptable de « renoncer à des jours fériés » (45 %, la solution antonyme atteint 40 %), il est impensable de « payer un peu plus d'impôts sur le revenu » (60 %).

Alors, si je comprend bien, la France est dans la mouise à cause de la mondialisation parce qu'elle ne s'est pas calqué sur les pays du tiers-monde (Afrique, Asie, ou récents arrivants dans l'UE) pour rénover son code du travail, sa vision du temps de travail. On pense que les problèmes d'éducation vont se régler avec une énième solution magique (une réforme, on dit). On pense que le problème de notre société est due à l'existence de services publics qui auraient trop de moyens humains et que la réduction de ces moyens humains supprimerait la dette publique - dette publique qu'il n'est pas envisageable de réduire par l'impôt sur le revene. On pense donc qu'il est préférable de bénéficier de services privés en fonction de ses revenus plutôt que de fonctionner sur l'idée d'un partage social, y compris en matière d'éducation, santé et sécurité.

Tout ceci me fait littéralement vomir. Le civisme est manifestement mort pour ces gens là. En fait, lorsqu'il est question de « déclin de la France », la question qui n'est pas posée est : combien reste t-il de citoyens français, c'est-à-dire d'individus qui pensent que la Nation est une forme d'organisation civique et qu'ils y appartiennent et contribuent ? La France a t-elle un avenir sans vision nationale, dépourvue de sens national ? Je lisais récemment que François Hollande avait remarqué avec du recul que Mitterrand parlait beaucoup de la France, et qu'il fallait s'en inspirer. Un peu tard...

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« 27 janvier, L'avenir dans la biture   

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