Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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« Après le diagnostic devra venir le temps le temps du traitement »

dimanche XII août MMVII

Les « statistiques ne sont qu'un diagnostic, rien de plus. Après le diagnostic devra venir le temps le temps du traitement » nous dit-on (lien).

« A l'occasion de la fête nationale du 14 juillet 2007, le CRAN a réalisé une enquête sur l'absence de diversité au sein de la hiérarchie militaire. Le résultat est édifiant. Il n'y a pas un seul Noir parmi les 100 premiers membres du commandement militaire, et ce n'est certainement pas un hasard. »

Ce n'est certainement pas un hasard, c'est même une évidence : la population française est majoritairement blanche, tendance plus forte encore parmi sa frange au faîte socialement.

« Nul ne trouvera normal l'absence de diversité parmi les 100 premiers - peut-être est-ce également le cas parmi les 200, les 300 ou les 1000 premiers - membres du commandement militaire français. Il faut donc agir » poursuit-on.

Et là s'arrête le constat évident pour en arriver à la proposition. Une proposition discutable. Personnellement, je ne trouve rien d'anormal dans une situation découlant de la structuration sociale de la population française. Ce que je trouverais anormal, c'est bien de vouloir « agir » contre cette situation en se basant sur une simple statistique, sans pourtant avoir le moindre élément qui permettrait de dire qu'un individu noir compétent qui aurait du se trouver parmi les 100 premiers militaires en question n'a pu l'être du fait de sa couleur de peau.

« L'Assemblée nationale, le Sénat, l'Armée, les Conseils d'Administration, la Fonction publique, les Ambassades..., pratiquement tous les domaines en France témoignent de discriminations (que l'on imagine massives) et auxquelles il convient maintenant de s'attaquer, non plus avec des mots. Le temps des actions est venu ».

On « imagine ». Voilà le racisme des années 2007 : imaginatif. Il part du principe qu'une groupe ethnico-culturel, mal défini, serait lésé sans avoir à démontrer en quoi. Et il faudrait le soutenir en partant du principe que tous les manques et toutes les faiblesses d'un tel groupe serait dues au groupe supposement dominant car majoritaire.

« Faute d'une politique ambitieuse de mesure des discriminations, nous saurons à peine de quoi nous parlons en évoquant les « discriminations ». Comment s?attaquer à un problème dont on ne connaît ni l?ampleur ni les évolutions ? C?est le règne de l?amateurisme pur ! », ajoute t-on.

Mais que connaîtrons-nous des « discriminations » s'il s'agit de faire pareils constats, c'est à dire de se contenter de chiffres sans jamais un seul instant expliquer ces chiffres. En quoi a t-on certitude, ou même soupçon, qu'une mauvaise discrimination soit à l'oeuvre. Que l'on sache, il peut tout simplement s'agir d'une discrimination entre compétents et incompétents. Appliqué au cas évoqué, il n'y a peut-être tout simplement aucun individu de couloir noire ayant atteint le niveau attendu parmi les 100 premiers militaires.

« Le débat caricatural est derrière nous. Il est maintenant reconnu qu'il n'y a pas d'un côté de gentils républicains uniquement soucieux de l'intérêt public et de l'autre côté de dangereux « ethnicistes » communautaristes. » affirme t-on.

J'aimerais pouvoir en être persuadé. Combien de temps devrons nous attendre pour que les partis politiques s'expriment clairement au sujet du CRAN et de ses homologues ? Il est certain que ce type de propos ne peuvent que nourrir un racisme certain de part et d'autre.

« Rappelons que ces statistiques ne sont qu'un diagnostic, rien de plus. Après le diagnostic devra venir le temps le temps du traitement. Quel traitement la France sera-t-elle prête à accepter ? C'est le vrai débat... Mais peut-être est-ce cette question, pourtant essentielle, qui freine la mise en place des statistiques de la diversité. » conclue t-on.

On aimerait que le CRAN dise à quoi il songe, en matière de traitement. S'agirait-il de se contenter du racisme de discrimination positive déjà mis en place, par exemple chez Loréal où un demandeur d'emploi « qui a un prénom d'origine étrangère [...] a plus de chance d'être recruté que celui qui porte un prénom français de souche » (lien) ? Faudrait-il donc qu'à compétence égale, on laisse de côté un militaire blanc en compétition avec un militaire noir, par le simple tort d'appartenir au mauvais genre ethnique, comme s'il était responsable du fait qu'il y a plus de blancs que de noirs en France ? Faut-il ajouter le critère ethnique en plus des critères prévus par notre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen des vertus et mérites (« tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents », lien), abolissant de faire l'égalité entre les citoyens ? Ou faut-il aller plus avant encore, et imposer un quotas de noir, quitte à transformer un sergent en général, au besoin, en gommant les critères théoriques actuels ?

Quel traitement la France sera t-elle prête à accepter, c'est en effet la question de fond. Faudra t-il, par goût de la non-discrimination, que nous considérions notre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen comme un vestige culturel qui ne concerne que les blancs ?

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« 14 août, Furie médiatique et léthargie judiciaire   

    9 août, Jongler avec la loi, un cas pratique »

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