Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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Conseil supérieur et conseils commerciaux de l'audiovisuel

mardi XXXI juillet MMVII

En France (sans doute ailleurs aussi, mais nous n'y sommes pas pour le vérifier), on a le sens de la formulation. Conseil de l'audiovisuel, c'eût été terne. Conseil supérieur, d'emblée, ça inspire le respect. Supérieur à quoi, vous demandez-vous ? Allons ne faites pas de mauvais esprit. Non, reconnaissons le, en France, on a le sens de la formule, de la réclame.

Il s'agit d'une « autorité administrative indépendante créée par la loi du 17 janvier 1989, [qui] garantit en France l'exercice de la liberté de communication audiovisuelle dans les conditions définies par la loi du 30 septembre 1986 modifiée. » (lien).

On retient que, par convention, le CSA décide du « temps maximum consacré à la publicité, aux émissions parrainées, ainsi que les modalités de leur insertion dans les programmes » (lien, p. 24). Mieux, il est établi que « toute forme de publicité accessible par un service de communication audiovisuelle doit être clairement identifiée comme telle. Elle doit également permettre d'identifier la personne pour le compte de laquelle elle est réalisée » (Ibid. p. 56).

Je ne vous apprend rien en vous faisant remarquer qu'aujourd'hui, il n'existe plus la moindre émission sans sponsor - sponsor qui bénéficie donc d'une publicité hors de toute page de publicité, puisqu'il précède (et souvent suit également) le générique de ladite émission. Au point que l'on peut se demander si certaines émissions, avant le programme de soirée, ont un autre but que de simplement faire figurer ledit sponsors entre deux pages de publicité, sans qu'on ne sache plus bien où elles commencent.

Est venu le temps où les séries télévisées, d'un format court, sont diffusées deux par deux. Si aucune page de publicité n'est ajoutée entre les deux épisodes, comme ce soir avec les Simpson sur M6, on a le droit, comme transition entre les deux épisodes, à la présentation du sponsor. Bref, on a réinventé la publicité sans page de publicité.

La contrainte pour le diffuseur, c'est qu'il ne peut y avoir qu'un sponsor par émission. Pourquoi pas plus ? Après tout, rien ne l'interdit fondamentalement, si ce n'est que La ficelle paraîtrait probablement trop grosse. En effet, le format imiterait de manière trop flagrante la page de publicité authentique, celle clairement identifiée comme telle comme le veut la loi.

Pour éviter ces publicités hors page publicitaire, faut-il proscrire tout sponsor ? Pas nécessairement. On conviendra que lorsque le sponsor est une association à but caritatif ou un organe institutionnel, la dimension publicitaire reste secondaire. On ne se choquerait ainsi pas de voir la Sécurité Routière sponsoriser une émission ayant trait à la conduite automobile. Mais hors de ces cas, quand bien même le sponsor serait en rapport avec l'émission sponsorisée -par exemple une émission de bricolage qui serait sponsorisée par un vendeur d'articles de bricolages-, il s'agit de réclame pure et dure qui doit être présentée comme telle.

De plus, par les temps qui courent, il ne faut pas chercher de réel lien entre l'émission et ledit sponsor autre qu'un accord publicitaire. Darty nous habitué à cette pratique, en étant sponsor de la météo pendant de longues années. Darty fait-il du service après vente pour les pronostics météorologiques jamais exaucés ? Darty nous donne, en tout cas, un exemple de ce lien de sponsor à émission qui ne répond à aucune forme de logique, un peu comme lorsqu'une marque de bière sponsorise du sport automobile.

Remarquons, au passage, que si le format fondamentalement illégal de cette publicité contraint sans doute -question de goutte et de vase qui pourrait déborder- la télévision à ne pas mettre plus d'un sponsor par émission, cette contrainte est très probablement valorisée de manière pécuniaire.

Revenons-en au conseil supérieur. Qu'en dit-il, ce conseil, dans toute sa prééminence nominative ? Rien, semblerait-il. Point ne suffit de donner dans la titulature pédante pour parvenir aux cîmes et y acquérir la bien commode faculté d'omniprésence. Si l'on s'intéresse aux communiqués récents sur son site (lien), on apprend que « le CSA poursuit le développement de la diffusion des chaînes nationales de la TNT » (de la dynamite cette TNT : du contenu explosif en matière de... rediffusions. Plus de chaînes pour diffuser exactement le même vieux contenu), détaille les « modalités d'extension de la couverture TNT à 95 % de la population fin 2011 » et, bien entendu, s'inquiète du décompte des « temps de parole et d'antenne relevés » lors des élections. Concernant les modalités de la diffusion d'encarts publicitaires, on ne pipe mot, il semblerait que nul n'en sache rien ou que nul n'y trouve à redire.

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