Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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L'intérêt de se positionner par rapport à l'extrême-droite

jeudi IX novembre MMVI

« Oui la menace Le Pen existe, elle n'est pas virtuelle. Et le discours de Sarkozy la fait grossir jour après jour. Et à l'oublier on commettrait une erreur plus grave encore qu'en 2002, nous n'aurions aucune excuse. Il faut donc combattre le lepénisme sans relâche, dénoncer les dérives du ministre de l'Intérieur, donner à espérer aux classes populaires, apaiser les peurs et subsidiairement rassembler la gauche » déclarait le 8 novembre François Hollande, invité des forums du Nouvel Obs (lien).

Peut-on se demander dans quelle mesure cette phrase n'est-elle pas en soi une publicité faite à l'extrême-droite ?

Je m'explique. L'extrême-droite est un parti dont le plus grand mérite du programme est d'être méconnu. À quoi identifie t-on ce parti ? À ses positions sur l'immigration et la criminalité liée à cette délinquance. Sortant de là, il n'y a rien, c'est le vide intersidéral. Le reste du programme de ce parti, c'est un fin de non-recevoir pour tous les enjeux d'avenir pour la France. Je ne vais pas en faire le détail, j'ai été consterné, mais pas surpris, par la lecture du programme de 2002, il ne m'en faut pas plus.

En bref, nous avons un parti au programme inexistant dont le seul mérite est d'oser aborder des sujets que les autres veulent ignorer. Notamment, ce parti osait parler d'insécurité alors que les autres partis soutenaient mordicus que ce devait être là un sentiment.

Quand Philippe de Villiers s'est présenté, très tôt, il a été catalogué, notamment par les guignols de l'info, « Le Pen light ». Dit-on de Robert Hue que c'était de l'« Arlette Laguiller light » ou sommes nous capable de percevoir ce qui diverge aussi bien que ce qui converge ?

De son côté, Nicolas Sarkozy s'est décidé à vouloir lutter contre l'insécurité. Ceux pour qui ce n'était qu'un sentiment aujourd'hui lui reprochent un manque d'efficacité, comme si on pouvait en quelques années changer la donne du tout au tout, comme si ça ne tenait qu'au ministère de l'Intérieur. Pire, lorsque Nicolas Sarkozy défend cette lutte contre l'insécurité, là encore il est dit que c'est de la « lepénisation », du « lepénisme ». Au lieu de discuter l'action de Nicolas Sarkozy sur les faits (obsession de la sécurité routière, incohérence entre la volonté de résultat et les moyens donnés, etc), une fois de plus il s'agit de l'associer à l'extrême-droite, et tant pis s'il n'a jamais tenu le moindre propos raciste.

Alors voilà, disons-le tout net, en France, un certain nombre de personnes sont manifestement obsédées par le Front National. Tout est toujours pensé et analysé en fonction de cela. Je ne peux pas croire que ce soit un calcul électoraliste (plus de voix pour l'extrême-droite, c'est moins pour la droite... de prime abord). Non, je pense que certains sont sincères lorsqu'ils racontent à tout bout de champ que Jean-Marie Le Pen est le détenteur de la moitié des idées politiques imaginables, que réprimer la délinquance est son domaine, que le fait d'avoir une haute idée de la France est son domaine. Il y a t-il meilleure publicité pour l'extrême-droite, finalement, que ce mode d'analyse de la vie politique ? Diaboliser l'extrême-droite de la sorte, n'est-ce pas la légitimer comme si elle était le bouffon du roi ?

Certains l'avaient pourtant compris, il y a quelques années. Ils évitaient de parler de Le Pen à tout bout de champ. C'est dommage que cette approche n'ait pas plus de succès. On pourrait enfin discuter de l'avenir.

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« 11 novembre, Question de logique   

    8 novembre, Du placement en détention provisoire »

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