Un diable dans la glotte ?

« Derrière un ballon de riesling moitié-vide moitié-plein, naviguons d'une digression à l'autre, devisons de l'actualité judiciaire, politique, culturelle ou tout simplement et largement sociale... en tentant d'échapper aux sentiers balisés de la bien-pensance, sans s'interdire de remarquer qu'on peut aussi aisément être le bien-pensant d'un autre. »

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« Et tout de suite ! » ou la charité sélective

dimanche X septembre MMVI

« "Un logement, des papiers, une école, tout de suite", pouvait-on lire sur une banderole » dans la manifestation « où apparaissaient les drapeaux de nombreux partis de gauche et associations comme Droit au logement ». « "On demande de l'espoir pour vivre libres et on en a marre de se cacher comme des assassins" expliquait un des expulsés de Cachan en grève de la faim » (lien).

Savez-vous ce qu'est l'état de nécessité ? C'est une cause objective d'irresponsabilité pénale, un fait justifiant la commission d'un acte normalement réprimé par la loi pénale. C'est le cas où la commission de l'infraction permet d'éviter un danger imminent. Par exemple, il s'agit de franchir la ligne blanche à bord de son automobile pour éviter de renverser un piéton. Un aspect important de la prise en considération de cette cause d'irresponsabilité, c'est qu'elle n'est reconnue que si le danger ne découle pas lui-même d'une faute préalablement commise. Sinon, il suffirait de se placer dans de mauvaises conditions pour pouvoir ensuite arguer d'une irresponsabilité. Par exemple, on ne saurait considérer qu'un poids-lourd puisse ne pas être responsable d'avoir défoncé un passage à niveau pour éviter un train alors qu'il s'est engagé à tort sur ce passage à niveau - ça ne veut pas dire qu'il n'aurait pas dû défoncer le passage à niveau pour éviter l'accident grave, ça veut dire qu'il n'est irresponsable de cet acte.

Le principe à retenir, qui me parait être de bon sens, qui dépasse largement le champ du pénal, c'est qu'il est injustifié de réclamer des droits du fait d'une situation particulière lorsqu'on est entièrement responsable de cette situation. Me suivez-vous jusque-là ?

On doit donc en conclure qu'un clandestin n'a aucun droit d'exiger d'être régularisé au prétexte qu'il subit les affres de la clandestinité. Sauf si ce clandestin fut contraint à cette situation par la force ou la ruse, il ne peut prétendre ne pas être responsable de son propre sort, il ne peut prétendre que la société aurait pour devoir d'ignorer ses propres lois dès lors. Sinon, ça voudrait dire qu'il suffit de pénétrer clandestinement en France pour disposer d'un VISA. De plus, il s'agirait d'une insulte magistrale pour ceux qui font la démarche dans le respect de nos lois, qui doivent attendre une réponse et prennent le risque d'essuyer un refus.

Mais le plus scandaleux n'est pas là. Non, il n'est guère surprenant que « les Verts, le PCF, la LCR, ou encore LO », avec en plus « Jack Lang, qui ne "s'expliquait pas", l'absence du Parti socialiste », affirment une non-adhésion la plus totale à l'idée d'État de droit (lien), c'est à dire fondé sur des lois pour tous, des lois qui ne font exister le droit que si on ne refuse pas de les appliquer.

Ce qui est plus notable, dirais-je, car là non-plus je ne peux pas vraiment dire être surpris, c'est le côté sélectif des entreprises caritatives de cette gauche là.

En France, nous aurions, selon l'INSEE, en 2004, environ 86000 SDF. On peut imaginer le dénombrement de cette population comme plutôt délicat, le chiffre est donc à prendre avec des pincettes. Quoi qu'il soit, nous avons en France 86000 personnes qui vivent dans la rue. Certains sans doute on fait le choix d'un mode de vie alternatif. Il est peu probable qu'ils constituent ne serait-ce que la moitié de ces 86000 individus.

Dans ces conditions, comment peut-on oser écrire « Un logement, des papiers, une école, tout de suite » ? Non seulement, il est outrageant de prendre la République pour une roturière à laquelle on ordonne de faire sans qu'elle n'ait son mot à dire, d'ordonner à la République de ne plus appliquer ses lois. Mais, à l'égard de tout ces SDF, sans compter ceux qui sont logés mais dans des conditions indécentes, a t-on le droit de donner du « tout de suite » ? Qu'est-ce qui fait que cette gauche considère qu'un clandestin est prioritaire sur les autres ? Qu'est-ce qui fait que finalement on s'intéresse plus au sort de squatters-clandestins que de simples SDF ?

Je vous laisse conclure.

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« 15 septembre, Responsabilité individuelle, responsabilité commune, terrorisme   

    7 septembre, L'exemple espagnol en matière de gestion des flux migratoires »

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