Mon royaume pour un baveux
mercredi XI janvier MMVIParmi les dernières nouvelles de la judiciarisation de la société, l'histoire revient devant les tribunaux : il est question d'un procès fait par un individu français né à la Réunion placé en Creuse, comme 1600 autres, dans les années 1960, lorsqu'il était tout petit. lien
Pour ce dernier, il s'agit d'une déportation. Dans la mesure où ce déplacement de population fut fait avec l'accord de ses parents, individualisé et accepté, il est pour le moins peu évident de soutenir l'emploi de tels termes.
Toutefois, on peut évidemment s'interroger sur la pertinence d'une quasi incitation pour des enfants à abandonner leur famille. On peut imaginer que les conditions de vie des parents desdits enfants ne devaient pas être évidente, pour qu'ils acceptent de se séparer de leur progéniture. Sur ce point l'article nous dit ceci : « With promises of prosperity and a brighter future, families on Reunion were persuaded to sign over their children into the care of the French state » ; et s'étonne ensuite que 40 ans plus tard, « many are still in low-paid jobs ».
Si, je le répète, l'idée de séparer des enfants de leurs parents semble assez malsaine, dans la mesure où les parents ont accepté un tel accord, je vois mal comment on pourrait reprocher à l'État de ne pas avoir fait de tous ces gamins des cadre-sup.
Je lis ci et là que l'ascenseur social est en panne. Pourtant, on connaît des cas d'enfants d'immigrés, et je parle d'immigration récente, ayant socialement réussi, en devenant maître de conférence, ingénieur, commissaire de police, ou que sais-je encore. On a nos Cavada et nos Cavanna récent, si on cherche bien.
Ah bien sur, les enfants d'immigrés se font plus rares en haut de l'échelle sociale que dans les statistiques pénitentiaires. Mais je ne crois pas dire de bêtise en disant que, sociologiquement, les enfants des couches défavorisées (qu'on ne sait plus comment appeler ; couches laborieuses en dépit du chômage ? classe ouvrière sans usines ?) de toute façon accèdent plus rarement au haut de cette échelle, peu importe l'origine, la nationalité de leurs parents. S'étonne t-on qu'un gamin qu'il n'a jamais découvert la culture par un autre biais qu'un téléviseur planté dans chaque pièce et qui a eut que l'attention qu'un gamin perdu dans une fratrie de 10 peut avoir s'adapte moins bien au contexte scolaire qu'un enfant focalisant tous les regards bienveillants et éveillants ?
Peut-on évaluer l'efficacité dudit ascenseur en se contentant d'observer la réalité de ceux qui jouent à se poser en victimes ? N'insulte t-on pas tout ceux qui ont réussi ?